DIX-HUITIEME LETTRE DE ZAZUBIE
D’ALDEBARAN
A LA MARQUISE QUEFOUILLE –MISSILNAIS
Ma marquise bien-aimée,
C’est aujourd’hui grande pitié qui règne à la Cour de Zazubie. Comme je vous le disais, tout ce qui déclencha ce grand émoi fut l’opprobre jetée sur la piété du notaire Grapillon qui se voit depuis décerner tous les noms d’oiseaux de la création : Tartufillon et même François Fictif (offert, semble-t-il par la cheftaine du parti des patriotes) sans doute en allusion (et bien sûr par dérision) à ce que furent Pépin le Bref ou Philippe le Hutin. Encore faudrait-il ajouter que le Macron de Carabas ne vaut guère plus d’honneurs, lui qui se prend pour le surintendant Fouquet et dont le goût pour la splendeur annonce une fin aussi pitoyable que celle qui sied aux petits marquis qui veulent péter plus haut que leur cul.
Il faut croire la reine bien rusée car ces empoignades imbéciles opposant ceux qui voient dans le notaire une victime innocente des sbires d’Uburinegaga, quand ce n’est pas du maître des Russies descendant du terrible Ivan et les autres qui le désignent comme un horrible Tartuffe de sacristie et pilleur de troncs , ces querelles de coq déplumés par le choriza lui conviennent fort bien. Panum et circenses !! La volaille s’amuse et elle s’amuse même toute seule ! Nul besoin de faire venir des lions qui pourraient dévorer quelques migrants lors du voyage, nul besoin de louer le service de gladiateurs, les Causeurs, comme on les surnomme organisent eux-mêmes des guerres et querelles qui auraient fait pâlir d’envie Picrochole
Le comte Chateaubouque s’est grandement dévoué pour la souveraine dans ce combat peu glorieux qu’elle a engagé pour sauver le notaire .Il n’a d’ailleurs pas hésité à brûler ses navires, lui qu’on dit soutenir le parti des partageux, en dépit de ses titres de noblesse. Eut on voulu organiser quelque spectacle de bouffon propre à amuser les esprits simples et rustiques que l’on n’eût pas procédé autrement. Pensez donc, ces preux chevaliers prompts à dénoncer les affameurs du peuple défendre Grapillon qui doit trouver que les gages de ses domestiques sont bien trop élevés au regard du peu de temps qu’ils lui consacrent ! Le marquis des Gargouilles s’est aussi attelé à la tache s’attirant mains quolibets ! Et comme les grandes âmes demeurent bien rares, il a fallu faire appel à la valetaille quand ce ne fut pas vider les hospices.
Vous connaissez l’impertinence de mon esprit. J’ai eu l’outrecuidance de demander si l’on n’allait pas faire appel au témoignage du boucher-du notaire qui assurerait que ce dernier met bien tous les dimanches la poule au pot (ce qui vaut mieux que d’y mettre la main), puis du garde-champêtre voire du veilleur qui viendra dire à la volaille : dormez bien, les fourneaux sont éteints !!
La reine envisagerait-elle de faire intervenir l’Ange Gabriel qui pourrait témoigner de ce que les indulgences que le notaire Grapillon a acquises auprès du Crédit des Laboureurs de Sablé sur Sarthe sont effectivement authentiques. Au point où en sont les choses, on ne sait trop où va s’arrêter la débâcle !
Il n’est donc pas étonnant que le Duc Crassepoutine ait cru bon de ramener son adipeuse carcasse, pour tenter de faire de l’humour sur la prochaine élection, puis pour en appeler à l’Union des partageux, lui qui est toujours à la recherche du temps perdu où le grand chef des partageux ensemençait les champs ukrainiens avec le sang des koulaks.
Une fois de plus, il fut abreuve de quolibets et d’insultes et s’en prit méchamment à la duchesse d’Arbois qu’il a traitée de cloporte tandis qu’il assurait un autre impudent de ce qu’il avait l’intelligence d’un bulot
Le répugnant duc aime tout particulièrement affubler ceux qui lui résistent de noms de créatures que Dieu fit un jour où il fut saisi de remord par le spectacle de ce qu’avait produit la création. Les cloportes, les cancrelats sont une de ses sources d’inspiration. Il a toujours en poche le petit dictionnaire qui servait au procureur Vychinski quand celui-ci envoyait dans l’eau delà ses victimes. Décrire un de ses adversaires comme étant « le croisement d’un porc et d’un renard », voila qui, manifestement lui fait souiller ses draps de la plus inavouable des manières
Il m’est d’ailleurs venu à l’esprit que l’on pouvait inviter le grand Mozart , lui qui porta si haut , dans la Flute Enchantée l’hymne aux lumières contre les forces des ténèbres, à apporter sa contribution contre l’infâme
J’ai donc réécrit ce que Sarastro aurait pu dire à Erzebeth et l’ai fait chanter à notre ménestrel
https://youtu.be/OvBfAXbg1yY
« OH BABETTE, OH MA REINE ELISABETH
DANS TON ROYAUME REGNE LA RAISON
SEULE LA LUMIERE GUIDE LES PASSIONS
NON AU MENSONGE, A L’HYPOCRISIE,
NON AUX NOIRS DEMONS
DE LA TYRANNIE
POUR QUE DE LA PENSEE LA POLICE
DES BOURREAUX LES TRISTES COMPLICES
ENFIN PERISSENT, ENFIN TREPASSENT
DEBARRASSE NOUS VITE DE CETTE CRASSE
ENVOIE VITE A SES LATRINES CRASSEPOUTINE
ENVOIE VITE CRASSEPOUTINE A SES LATRINES
Voila,chère marquise, comment je survis à l’ennui dans ce monde ampoulé où le ridicule devient le pain quotidien
Mon esprit s’engourdit tant je me sens envahi par le manque d’imagination.
Votre humour un peu canaille me manque
Je vous embrasse