POURQUOI J’AI RENONCE AU BONNET D’ÂNE ?
J’ai renoncé au bonnet d’âne !
Saisi, tel Blaise Pascal par le feu de la révélation divine, moi pauvre libertin d’une pensée que je croyais juste , j’ai soudain compris que j’avais eu grandement tort, à la fois devant mes semblables qui n’ont jamais rien entendu à ce que je racontais mais aussi devant la grand horloger de la morale publique, celui qui est juge de nos faiblesses et de nos trahisons !
C’est un drame récent qui fut à la source de ma rédemption : au Maroc, de jeunes voyous, victimes , une fois de plus de la baisse du niveau généré par l’abandon des valeurs morales, ont violé une malheureuse ânesse , peut être déjà épouse, peut être déjà mère , certainement déjà sainte et martyre. Le châtiment est venu comme il se doit : ils ont contracté la rage.
L’affaire a fait ricaner quelques individus sans cervelle et on a vu s’assembler un bien curieux conglomérat fait d’apôtres de la repentance et de reiserophiles irresponsables. Les premiers y ont vu la preuve d’un complot de l’islamophobie. Les seconds ont affiché leur mépris habituel de la souffrance car qui est insensible à la souffrance animale l’est aussi à celle des hommes.
L’âne n’est donc pas seulement cette créature dont on fait des bonnets. Enfin, jusqu’à ce que la manufacture des Vosges qui les produit soit rachetée par les chinois ou l’émir du Qatar ! Ces bonnets étaient nés du génie de Jules Ferry, qui avait décrété que, sur les chemins de l’école, celui qui s’en ornerait le chef serait sans doute voué à l’opprobre mais pour mieux entrevoir la voie du salut.
L’âne peut donc être le porteur du châtiment et, à ce titre, il ne mérite pas qu’on le ridiculise. Il m’est revenu que le grand La Fontaine avait écrit une fable où l’âne tenait la dragée haute au loup.
L’ÂNE ET LE LOUP
Un âne que par mégarde créa la nature
Du pré d’Elisabeth savourait la pâture
Passe un loup, sûr de lui et ayant fière allure
Qui s’adresse au baudet avec désinvolture
Que Dieu ait pu commettre une telle créature
Donne fort à penser qu’il se prend des bitures
Il est clair que Morphée au fond de son sommeil
N’aurait pu inventer de pareilles oreilles
Et il faut à coup sûr s’appeler Brighelli
Pour vouloir les acheter pour plus d’une roupie
Tu es assurément en tous points ridicule
Et faute de juments dois courtiser les mules
Il n’est guère étonnant que pour le genre humain
Ton unique qualité soit de faire du crottin
A moins que ce ne soit enfilé sur un crâne
Ce que ton Brighelli appelle un bonnet d’âne
Je vois, dit le baudet que tu me fais honneur
Mais que , comme c’est souvent, le fait des beaux parleurs
Tu ne soupçonnes pas ce qui fait mon bonheur
Sache que Babette m’accorde , chaque jour, l’immense honneur
De me donner à lire les écrits de Causeur
Car sentant, dans son froc déféquer Crassepoutine
Qu’il baffre des Leberwurst caché dans les latrines
Voyant Durru , Isa et autres gros blaireaux
Se vautrer dans leur bauge comme de gros pourceaux
Je me dis que peut être, tout âne que je suis
Je n’ai guère de mal a avoir plus d’esprit
On a toujours besoin d’un plus petit que soi
Nous disait la Fontaine qui des fables était roi
Les sots sont si nombreux et en telle abondance
Que leur suffit d’avoir pitoyable pitance
Causeur est une ribaude aux charmes faisandés
Qui attire à son cul les gorets affamés
J’ai donc renoncé au bonnet d’âne ; c’est désormais le bonnet de loup qui le remplacera . Le bonnet de loup car , seul, le loup, est en mesure d’assurer une éducation complète à nos chères têtes blondes, seul le loup est en mesure de leur insuffler une crainte salvatrice, seul le loup peut leur donner l’exemple du courage qui leur fait défaut.
J’abandonne le bonnet d’âne mais ne le gaspille pas. Je le recycle et le vendrai sur le Bon Coin pour faire un don à Causeur . Il m’est apparu qu’avec un peu d’imagination, on pouvait renverser le bonnet d’âne pour s’en faire un caleçon, ce que j’ai fait.
Et ce caleçon est bien utile pour le promeneur solitaire
MK 19/9/2017