Lecture du bouquin de Jacques Genereux : ? Les vraies lois de l’économie ?. Vraiment interessant , moins pour les thèses qui y sont développées et qui ne relèvent pas de l’innovation que pour la très grande pédagogie de l’auteur , capable de rendre intelligible des choses très compliquées.
Puis, page 259 , l’accident : je cite
FAUT IL EN FINIR AVEC LA CROISSANCE ?
Ainsi, après un long détour productiviste, on sait bien aujourd’hui que le développement ne se résume pas à la maximisation de la production marchande, qu’il ne passe pas par la marchéisation de la société(i.e l’extension de la logique marchande à toutes les sphères d’activité) mais bien au contraire par la resocialisation du marché (i.e son intégration dans un cadre institutionnel conçu pour réorienter la sphère marchande au service des finalités de la société)
Mais on ne se libérera pas aussi aisément de l’idéologie de la croissance marchande. Il reste un long chemin à parcourir pour admettre que la croissance nécessaire des productions matérielles dans les pays pauvres exige, pour être soutenable à l’échelle planétaire leur décroissance dans les pays riches. Un long chemin pour tirer toutes les conclusions de ce constat pourtant élémentaire : un individu disposant de conditions de vie matérielles confortables peut continuellement étendre son bien-être par la culture, l’émerveillement, le partage, l’amour, la convivialité,la quête du sens, toutes choses qui ne consomment qu’une énergie humaine reproductible à l’infini.
Si toutefois l’humanité s’engage sur ce long chemin, la croissance a un bel avenir dans de multiples domaines : le recyclage, les énergies renouvelables et non polluantes, les productions matérielles soutenables pour les générations futures, les services et notamment les services aux personnes, en un mot , toutes les activités dont la croissance sert le développement humain ?
Il doit y avoir bien pire que le virus de la grippe porcine : un virus qui attaque les petites cellules grises et provoque le delirium. Et le virus a frappé Genereux en page 259 !
On peut imaginer que les travailleurs de Continental et de toutes les SA plan social d’Europe et d’Amérique doivent être sensibles à cette invitation a renoncer à leurs maigres revenus pour profiter du temps de chômage qui leur sera offert afin de connaître enfin l’émerveillement, la culture et l’amour et s’agissant du partage malheureusement celui de la misère et du désespoir !
On peut imaginer que les travailleurs pauvres dont le nombre va croissant, ce qui est plus que le chômage le signe manifeste de la désagrégation de nos économies apprécieront aussi cette invitation joyeuse à la frugalité.
Généreux ne se contente d’ailleurs pas d’écrire des bêtises : il se contredit ! Il a admis quelques pages plus tôt que Malthus s’est trompé : il a sous-estimé la croissance de la productivité liée à des technologies toujours plus innovantes. Cela ne l’empêche pas de reprendre à son compte l’escroquerie intellectuelle des limites à la croissance, véhiculée par les canailles néo-malthusiennes de tous bords. Sur quoi se fonde-t-il pour affirmer que la croissance des pays pauvres suppose une décroissance dans les pays riches ? La crise que nous connaissons tient pour partie au fait que les technologies qui ont nourri la croissance des Trente Glorieuses sont à bout de souffle. Il faut donc en trouver de nouvelles, mais celles ci n’ont rien à voir avec les éoliennes et le recyclage des déchets qui ont pour résultat de produire avec des coûts supérieurs, donc de diminuer le pouvoir d’achat et d’accentuer la crise. Quant aux services à la personne qui va les payer ? l’impôt , les prélèvements sociaux ?
Pas les pauvres en tout cas ! et je n’imagine quand même pas que Généreux ait la fièvre au point de vouloir recréer des laquais ou des majordomes au service des pauvres PDG qui ne savent pas comment dépenser leurs parachutes dorés.
Au fond, on ne saurait que conseiller à Généreux la lecture de Patrick Arthus dans son dernier livre consacré à l’économie américaine. Ce que Généreux appelle de ses v?ux existe déjà. L’Amérique et l’Europe sont en voie de désindustrialisation et la croissance est déjà partie dans les pays émergents .Ces derniers connaîtront la reprise ; pas nous !
Arthus n’est peut être pas de gauche, mais il n’a pas l’air de penser que cette décroissance subie ouvre la voie au rêve et à l’émerveillement. Il y voit plutôt la croissance à venir de la pauvreté et le fait que cette dernière touche désormais les classes moyennes.
La seule solution est pour lui la réindustrialisation des pays développés, seule condition permettant d’exporter plus et d’importer moins. En effet, Généreux devrait quand même savoir que les chinois ne sont guère intéressés par l’électricité de nos éoliennes et encore moins par les services à la personne que nous produisons pas plus que par ce monument céleste de la culture que sont les livres de Bernard-Henry Levy. Si! quand même une petite correction : ils seront intéressé par les services à la personne quand nos petits enfants seront serveurs à Pekin ou femme de ménage à New Delhi.
Généreux était bien candidat du front de gauche aux européennes je crois ! je propose donc à Melenchon le slogan suivant pour les prochaines échéances : décroissance et pauvreté dans la béatitude !
Ah dernière chose : le nom du virus à communiquer d’urgence à Super Bachelot : Bobo-N1 !