JANCOVICI LE BOUFFON

 On se souvient que Borloo, un jour où son discours était audible, s’est demandé si les impératifs de la lutte contre l’effet de serre étaient bien compatibles avec la démocratie. Faisant quelques recherches pour retrouver les références des déclarations de ce grand démocrate, je suis tombé sur un site fantastique ; celui d’un allumé se posant la même question mais, comme il est polytechnicien, trouvant évidemment une réponse qui rend les choses compatibles. Son site étant rempli d’analyses du même tonneau, j’ai décidé de lui ouvrir une rubrique en commençant par un commentaire du texte que je publie à la fin de cet article.

Donc découvrez le bouffon Jancovici et surtout posez-vous la question de savoir comment la piétaille des journaleux a pu lui donner une telle audience pour enfumer le bon peuple de son opium quotidien

On passera, en premier lieu, sur quelques remarques étonnantes concernant l’usage du référendum. On n’a pas fait de référendum sur l’utilisation des antibiotiques ou la modification du droit des sols ou d’autres choses encore. Effectivement, on en a pas fait non plus sur l’utilisation de l’huile pour faire une mayonnaise ou sur l’existence des extra-terrestres ou encore l’interdiction de la masturbation. On n’en a pas fait, plus sérieusement sur la peine de mort (ce qui est peut être une bonne chose- l’absence de consultation cela s’entend), ni sur le mariage homosexuel, ni sur le voile islamique ou la construction de mosquées etc….) La dernière fois que l’on a eu un référendum, nos gouvernants en ont mis les résultats dans la cuvette des chiottes et ont tiré la chasse

Donc venons-en à l’essentiel

 

Jancovici boit sans doute moins de Whisky que Borloo ce qui le met à l'abri de certains dérapages. S'interrogeant sur la compatibilité de la démocratie avec les «  impératifs écologiques » il est plus subtil mais le résultat est le même,

Il commence par constater que dans une démocratie les impératifs de court terme l'emportent sur le long terme. Peut-être mais dans ce cas a-t-il oublié de lire (de relire Keynes comme il relit Tocqueville et sans doute Proust) Keynes qui remarquait qu' « à long terme on sera tous morts » Propos pas du tout irresponsable de la part du grand économiste au regard de la capacité des gouvernants et des charlatans de l'économie à prédire le long terme voire même le moyen terme. Les exemples pullulent et rares sont, en revanche, mis à part Jules Verne, lequel n'était ni un politique ni un économiste ceux qui ont été visionnaires.

Pour ne prendre qu’un exemple, relisons ce que les amis de Jancovici écrivaient en 1970 : il s’agit du rapport Meadows, financé par la fondation Volkswagen et porté aux nues par le Club de Rome, repère de canailles réactionnaires et malthusiennes.

Selon ces là, l’or devait s’épuiser en 1984, le cuivre et le plomb en 1993, le gaz naturel en 1994, le pétrole en 1992 et l’uranium avant la fin du siècle. C’est quand même le prestigieux Massachusetts Institute of Technologie qui nous dit cela et qui du coup invente la machine à remonter le temps puisque les réserves connues de pétrole et de gaz sont aujourd’hui plus importantes qu’en 1970 !!! Superbe vision du long terme pour ne pas dire du moyen terme !

Entendons-nous bien chacun sait que les réserves de pétrole ou de gaz sont finies, mais tout cela se régule par les prix ! On extrait actuellement seulement 20% du pétrole sur un site, car au-delà ce n’est pas rentable. Il n’en reste pas moins que le raisonnement du MIT est pitoyable, comme Jacquard est pitoyable quand il nous refait l’histoire du nénuphar qui tue l’étang. Jancovici devrait garder les exponentielles dans son tiroir car elles n’existent pas en économie ; un sesterce, placé à 10% à la naissance de Jésus Christ aurait produit tant d’intérêts qu’il aurait de quoi acquérir plus que toute la richesse du monde. Mais voilà le sesterce a disparu et Attila a brulé la banque !

Ah oui, ce serait bien si on pouvait prévoir l’avenir ! Nos statisticiens ne sont même pas capables de prévoir le taux de croissance à plus de six mois et les amis de Jancovici, plutôt que de se demander quand Nantes sera submergée par le réchauffement climatique devraient plutôt lire (car à coup sûr ils n’ont jamais lu) quelles étaient les températures en l’an 1000 quand bien sur les hauts fourneaux réchauffaient l’atmosphère

Bon voilà, on aimerait conseiller à Jancovici la relecture de Nostradamus mais on ne sait pas faire

Mais Jancovici, lui, sait faire et se lamente donc de ce que l’avenir qu’il prévoit (ce n’est pas Cassandre mais son génie qui l’ont révélé) implique des mesures qui sont incompatibles avec les préoccupations de court terme propres à la démocratie

 

Il en déduit alors que la solution, pour éviter les pièges de la démocratie (et d'appeler au passage ce malheureux Tocqueville au secours-lequel Tocqueville n’est pas un démocrate mais constate avec lucidité et dépit que la démocratie est en marche) il faut fixer de »s objectifs par référendum et puis, je cite, procéder ensuite à « l'élection de gestionnaires sans programmes précis pour leur mise en application « 

 

On traduit maintenant la tartiflette de cet escroc gougnafier

 

1 le peuple ne sait pas spontanément ce que sont ses véritables intérêts notamment à long terme. La démocratie est un système vicieux car amenant les citoyens à préférer leurs avantages à court terme à l'intérêt de l'humanité à long terme. On pourrait imaginer une réponse Lenino-stalinienne à cette question : confions donc à une avant-garde éclairée, du prolétariat le soin de déterminer comment bâtir une aube nouvelle et des lendemains qui chantent. Jancovici est né après la mort de Staline et sait fort bien que cette chanson a peu de chances au hitparade.

 

2 Alors c'est plus finaud : on choisit plutôt le référendum dans une version bonapartiste rénovée : en clair , on agite des peurs en profitant du moindre évènement : y a -t-il Tchernobyl que dans la foulée on organise un référendum sur l'abandon du nucléaire, y a-t-il le naufrage de l'Erika que l'on consulte sur l'élimination de la voiture, responsable parce que cliente , comme diraient Caresche et Danielle Bousquet, y a-t-il une fausse étude De Seralini que l'on organise un référendum sur l'interdiction des OGM !

Les Gourous des sectes de tous polis n'ont pas trouvé mieux pour assoir leur pouvoir !

On imagine que ceux qui sont élus pour mettre en œuvre les décisions populaires n'ont pas de joker comme Sarkozy avec le traité de Lisbonne. Jancovici n'est pas très clair puisqu'il parle de gestionnaires sans programme précis. Le terme gestionnaire est édifiant : on est là pour gérer la décision, circulez rien à voir comme disait Coluche !

 

A vrai dire, eu égard à la purée de pois que constitue sa réflexion, on a le tournis, puisque Jancovici soutient par exemple qu'un référendum interdisant les OGM aurait plus de poids qu'une simple loi contournable par les lobbies. Jancovici devait avoir fumé le jour où le traité de Lisbonne fut ratifié

Autant d'imbécilité sidère, autant de cynisme consterne.

Jancovici est polytechnicien et on en déduit que les forts en maths devraient se contenter de tripoter les fesses des équations sans se mêler d'économie et de politique !

Jancovici est polytechnicien et, à ce titre, même dans la fonction publique il empochera 8000 euros par mois en fin de carrière. A ce tarif on peut prêcher aux autres l'abstinence,

 

On trouvera ci-dessous le texte de Jancovici

L prochain article montrera la vanite du blaireau

 

L'environnement est-il soluble dans la démocratie ?

Sous-titre : peut-on vouloir tout et son contraire ?

Septembre 2000

site de l'auteur : www.manicore.com - contacter l'auteur : jean-marc@manicore.com

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Comme tout bon lycéen ayant retenu la leçon du professeur de philosophie, je vais tenter d'ouvrir cette question par la définition des termes "environnement" et "démocratie".

Concernant l'environnement, Hachette nous propose cette réponse :

Environnement n. m. Ensemble des éléments constitutifs du milieu d'un être vivantEnsemble des éléments constitutifs du paysage naturel ou du paysage artificiellement créé par l'homme. L'aménagement rationnel du territoire, la préservation des sites, la production de la flore et de la faune, la lutte contre la pollution sont les grands traits d'une politique moderne de l'environnement.

Et pour la démocratie, nous avons, selon la même source :

Démocratie : Régime politique où la souveraineté (autorité suprême) est exercée par le peuple.

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Traduisons la question du titre : notre régime actuel permet-il effectivement au peuple d'exercer une autorité suprême sur le monde qui l'entoure et sur son évolution ?

A mon sens, non. L'une des composantes de cette réponse négative est que les avancées des sciences et techniques, ou l'action de quelques acteurs économiques, qui façonnent notre monde plus profondément que les hommes politiques, ne sont en rien le résultat d'un processus de choix démocratique.

Pour s'en tenir à quelques problèmes, et à l'Hexagone, on n'a soumis à référendum ou à consultation explicite :

http://www.manicore.com/ressources/fleche_bleue.GIF ni la modification de l'occupation des sols,

http://www.manicore.com/ressources/fleche_bleue.GIF ni les recherches sur le clonage ou le décryptage du génome (qui seront aussi utilisées pour des applications diaboliques, comme toute avancée technologique jusqu'à présent a toujours servi à la fois pour le pire et le meilleur),

http://www.manicore.com/ressources/fleche_bleue.GIF ni les efforts pour produire des ordinateurs plus intelligents que nous et des machines qui se reproduisent toutes seules (Le directeur de la recherche de Sun a publié un article inquiétant sur ce sujet dans Libération du 24 août dernier),

http://www.manicore.com/ressources/fleche_bleue.GIF ni ce que devrait être notre niveau de consommation énergétique,

http://www.manicore.com/ressources/fleche_bleue.GIF ni l'encadrement de l'utilisation des antibiotiques,

toutes choses qui sont déterminantes pour notre avenir à long terme, bien plus que les éléments de campagne des candidats aux diverses élections qui eux ne concernent que le court terme (un peu plus ou un peu moins d'impôts n'est rien en comparaison des enjeux ci-dessus).

Le long terme doit-il primer sur le court terme ?

Dans notre vie quotidienne, c'est parfois le cas, particulièrement pour l'éducation des enfants : c'est en conséquence de cette hiérarchie que nos enfants font leurs devoirs (qui servent à préparer l'avenir) avant d'aller jouer (qui est la satisfaction d'un besoin à court terme), que nous nous échignons à les éduquer du mieux que nous pouvons (pour qu'ils ne soient pas mis "hors jeu" plus tard) avant de les emmener en vacances...

C'est aussi vrai pour nous : nous choisissons notre lieu d'habitation en fonction de ce que nous allons mener comme vie pendant quelques années et non parce que c'est proche de l'endroit où nous allons au restaurant la semaine prochaine, nous payons des cotisations retraite plutôt que de tout dépenser au casino, etc.

Nous voilà donc dans un système où la hiérarchie qui prime souvent chez les individus se trouve inversée dans le système lui-même. Toutefois le mal ne date pas d'hier : une lecture ou relecture de l'oeuvre de Tocqueville rend sceptique sur le fait qu'il puisse en être un jour autrement : selon lui, la démocratie est impuissante à rendre les peuples prévoyants pour les dangers de long terme (ce qu'il appelle les "grands périls").

 

http://www.manicore.com/ressources/fleche_jaune_vers_rouge.GIF La démocratie directe et Internet

La conséquence logique que l'on peut tirer de ce qui précède est que la démocratie telle qu'elle est actuellement pratiquée n'a pas d'emprise sur nombre d'évolutions importantes pour notre avenir.

On peut opportunément rappeler que la démocratie parlementaire est un système qui date de 2 siècles, c'est à dire d'une époque où :

http://www.manicore.com/ressources/fleche_bleue.GIF la transmission de l'information était lente,

http://www.manicore.com/ressources/fleche_bleue.GIF les déplacements de personnes également,

http://www.manicore.com/ressources/fleche_bleue.GIF l'expertise était très concentrée (peu de gens avaient accès au savoir).

A cette époque, elle représentait donc un optimum, et en tout état de cause la démocratie directe, forme "parfaite" de la démocratie, n'était à l'évidence pas un outil de gestion adapté aux moyens : le temps qu'il aurait fallu pour organiser une consultation préalable à chaque décision, précédée de l'indispensable débat qui permet de s'informer et de se forger une opinion, aurait été démesuré.

Il n'en est plus de même actuellement. Une forme de démocratie qui serait adaptée à la gestion des enjeux de long terme pourrait comprendre :

http://www.manicore.com/ressources/fleche_bleue.GIF un système référendaire pour la fixation des objectifs majeurs,

http://www.manicore.com/ressources/fleche_bleue.GIF l'élection de gestionnaires sans programme précis pour leur mise en application.

De fait c'est un peu ce qui est en train de se passer, mais sans dire son nom et de manière peu structurée : la fixation des objectifs pour les gens au gouvernement se fait par sondage, avatar réducteur et détestable de la démocratie directe, et le programme des hommes politiques est facilement oublié sitôt l'élection gagnée (c'est parfois un mal, mais aussi parfois un bien !). Nous aurions tout à gagner à remplacer ce système rempli de non-dits par des consultations explicites en bonne et due forme. De même, nous pourrions donner quitus aux élus non point a priori, au vu de leur programme, mais a posteriori, au vu des actes.

Internet, en permettant l'organisation de telles consultations, offre de ce point de vue des perspectives majeures. Bien plus que l'opportunité de pouvoir acheter quelque chose 10% moins cher et en gagnant un jour de délai, Internet, en permettant l'accès au savoir au plus grand nombre, et en permettant en retour des débats et des votes compatibles avec les contraintes de temps, pourrait permettre de franchir un pas décisif pour la gestion de notre avenir.

Par ailleurs, l'ignorance et la gestion des enjeux de long terme ne sont pas compatibles : comment se prémunir d'un danger que l'on ignore ? Internet permet aussi, par sa puissance et sa rapidité, de mieux éclairer les débats, et donc de rendre meilleures les possibilités de prévalence de la sagesse.

Notons au passage que la volonté clairement exprimée des peuples étant la seule barrière encore à peu près respectée par les acteurs de la "mondialisation" en temps de paix, le résultat à un référendum sur un sujet donné serait vraisemblablement pris comme un contrainte intangible par tous (bien plus que les décisions gouvernementales ou les lois) et permettrait de clore temporairement des débats qui s'éternisent sans que des solutions satisfaisantes ne soient apportées.

Pour prendre un exemple (qui ne reflète pas nécessairement ma propre opinion), si le peuple français, par un vote, dit non aux OGM, les industriels n'essaieront pas de passer outre (car le peuple est in fine le consommateur), alors qu'une loi ou un règlement défavorables aux OGM feront l'objet de multiples tentatives de contournement quand bien même ils seront portés à la connaissance des acteurs.

Certes, le système démocratique est bourré de faiblesses structurelles, que Tocqueville a remarquablement mises en évidence, mais ne devrions nous pas quand même essayer de l'amender si la technologie nous en offre la possibilité ?