on connait pas la crise

                                                                 LE GROS DES FRANCAIS NE CONNAIT PAS LA CRISE

 

 

C'est une nouvelle mode chez les invités réguliers des étranges lucarnes:il faut ramener la crise à sa juste dimension:elle concerne …. allons.... deux ou trois millions de français; ceux qui sont au chômage et ceux qui vont bientôt l'être. D'ailleurs, Seguela a vendu sa Rolex et , comme dit notre Fog local, les enchères Berger-Saint Laurent ont été un un succès.

Que Minc nous dise cela n'étonnera personne. Il déclarait il y a quelques mois que la crise était d'essence psychologique. Il est simplement dommage qu'une fois de plus son inconséquence ne le conduise pas à proposer le remède qui s'impose: la constitution d'une cellule d'assistance psychologique qui se substituerait au pôle emploi. Mais Zinc est la parfaite démonstration de ce que , dans ce pays, le fait de raconter n'importe quoi avec une belle constance n'est pas, en soi, du point de vue des média un obstacle à continuer à parler.

C'est plus regrettable quand c'est dit par Ferry, lequel a le mérite d'aller à l'encontre des modes et des idées creuses.

 

Donc Bourgeois dormez bien, tout ne va pas pour le mieux dans le Royaume de France mais il suffit d'être patient. D'ailleurs, dit Minc, comme l'inflation va reculer, même si elle n'est pas négative comme dirait l'inimitable Christine Lagarde, le pouvoir d'achat des fonctionnaires va mécaniquement augmenter. Tout de même pas celui des fonctionnaires lettons ou irlandais dont on vient d'amputer les salaires.

 

L'essentiel n'est pas la: les désordres financiers et l'absence de régulation sont une chose,les conséquences de la mondialisation en sont une autre. Quand la Chine et l'Inde caracolent à 10-15% de taux de croissance, la zone Euro a maintenu péniblement la tête hors de l'eau. Dans un contexte où un partage de la valeur ajoutée de plus en plus favorable au capital ne permet pas de générer une consommation suffisante pour assurer des débouchés, c'est l'endettement privé comme au Royaume Uni ou en Espagne ou public, comme en France qui a permis de maintenir la demande, puis, la crise venue d'empêcher son effondrement.

 

Cet endettement pourrait bientôt atteindre des sommets vertigineux et il faudra normalement

le payer. Ceci serait concevable si les forces de la croissance étaient libérées avec des taux dignes des

Trente glorieuses. Mais, il n'en est rien: à la fois pour des raisons démographiques (stagnation de la population) économiques ( le rouleau-compresseur de la mondialisation) et politico-philosophiques:régulation de la société par la Peur qui génère des coûts et décourage le risque; nous allons continuer à être l'Homme malade du monde et peu importe que ce soit Barroso ou un quelconque Tartempion social-démocrate qui emmène ce bateau ivre vers les récifs.

Il est remarquable, d'ailleurs, que Ferry fasse sur ce point preuve d'une grande clairvoyance mais dans un environnement de beuverie intellectuelle généralisée.

 

J'avais déjà auparavant souligné que nos société pouvaient être divisées en trois groupes: ceux qui sont exposés à la mondialisation, ceux qui comme Minc en profitent et ceux qui en sont pour l'instant à l'abri au prix de l'endettement. Sauf que demain, ces derniers vont se voir présenter la facture sous forme de baisse de revenus ou de prélèvements supplémentaires. On verra alors qu'ils étaient aussi touchés par la crise, mais simplement avec débit différé comme on dit en langage bancaire.

Et si, comme le dit ce pauvre Maris, la manière de régler le problème était l'hyperinflation qui efface la dette (il ne dit pas au passage comment y recourir), le résultat serait le même : anéantissement de l'épargne des classes moyennes (pas celle de Minc dont une partie des revenus dépend des résultats d'entreprises de Bangalore et de Shenzen) effondrement de l'euro rendant prohibitif le prix des produits importés. Et plus généralement la fin des services à bon marchés dans les pays du Sud La fin des Tamalous quoi!