HORREUR ET DECADENCE DU MINISTERE DU DEVELOPPEMENT DURABLE

 

 

 

 

 

    2007 : pour satisfaire au chantage exerce par Nicolas Hulot, est organisé le Grenelle de l'Environnement où tout ce que ce pays compte d'escrocs verts et autres sorciers de l'agriculture biodynamique ou militants du terrorisme anti-OGM vont pouvoir imposer la lecture de leurs versets.

 

   Parallèlement, on fond ce qui était le ministère de l'équipement et celui de l'environnement en un ministère de l'écologie et du développement durable.

 

   A la différence de ce que l'on nous dit dans une scène célèbre du film « Les bronzés font du ski » c'est bien la petite bête qui va manger la grosse. Le ministère de l'équipement était bâti sur trois piliers : la route, l'ingénierie publique et l'application du droit de l'urbanisme, c'est à dire l'instruction des permis de construire. La route a déjà été sacrifiée sur l'autel de la décentralisation et l'Etat ne gère plus -et d'ailleurs de plus en plus mal- que 10 000 km de routes nationales avant que sans doute, dans une dernière grande braderie on ne rétrocède tout cela au privé qui remettra en état moyennant péages (merci pour le pouvoir d'achat)

    L'ingénierie publique concurrentielle est abandonnée dans la foulée : c'était une ingénierie de solidarité avec les petites communes , qui avait permis la rénovation des centre bourgs ainsi que la multiplication des lotissements , lesquels, s'ils donnent le haut de cœur à quelques architectes bobos vivant de manière parasite sur les ressources de ce ministère ont quand même l'intérêt de ne pas accueillir la délinquance et ne coûtent rien à l'ANRU et au contribuable.

 Les permis restent pour l'instant mais on les sait en sursis.

   Dans le même temps, la défense des pique-prunes et autres écrevisses à pattes blanches devient la priorité dans ce pays où grimpent le chômage et la pauvreté. On devance même les diktats de la Commission européenne pour en faire toujours plus contre les pesticides et pour les crapauds qui hantent les fossés et dont il est impératif d'assurer le bien-être.

   On avait un ministère qui avait largement contribué à la mise en place des infrastructures qui ont permis le développement de la France, qui était au cœur de l'Etat providence : on le transforme en un monstre tiré de la cervelle de quelque Père Ubu et dont la finalité est , au fond, la chasse à toute ce qui peut ressembler à un début de création de richesse.

 

Ce ministère compte alors, même amputé des activités routières plus de 60 000 agents qu'il va bien falloir occuper. C'est la que débute une bien étrange affaire qui surprendra sans doute les historiens tant tout cela s'est fait dans des conditions ahurissantes ; en clair dans une atmosphère faite d'un mélange de schizophrénie et de méthodes que l'on croyait plutôt dévolues aux espaces situés au delà de la Grande Muraille.

 

Pour commencer, on nomme à la tête du ministère un sympathique pochtron en lui attribuant le titre de numéro 2 du gouvernement. Il est vrai que lui parti, il sera remplacé par une polytechnicienne aux dents longues qui était peut être trop jeune à l'époque pour ne pas savoir ce qu'il en coûta à Giscard de ne pas connaître le prix d'un ticket de métro.  Elle est déjà rétrogradée quelques places plus loin dans la hiérarchie gouvernementale. Le jour où elle quitte ses fonctions pour organiser la campagne de Sarkozy, on n'éprouve même pas le besoin de la remplacer, ce qui en dit long sur l'importance réelle du dit ministère aux yeux du président.

   Notre Boudu, qui voudrait bien sauver le monde des eaux qui montent, commence par décréter l'assistance obligatoire à la projection du film d'Al Gore, ce même monument d'escroquerie dont on admet aujourd'hui qu'il est bourré de mensonges et d'inexactitudes. Ce n'est que le début de la farce sinistre qui va suivre.

On notera au passage, pour y revenir plus tard le fantastique machiavélisme qui a inspiré ce projet dont le résultat, et sans doute la finalité-était de démontrer qu'un tel ministère n'avait pas lieu d'être et, partant, ses fonctionnaires non plus.

 

Ce qui restera le plus étonnant est que le dit-projet a pu être conduit, non seulement sans résistance mais avec la participation active et même béatement enthousiaste de la plupart des acteurs concernés avec, au premier rang la cohorte nombriliste et suffisante des brillants ingénieurs des Ponts et Chaussées.

Comme on le faisait en Chine aux grandes heures de la révolution culturelle, où on traînait dans les rues un ennemi du peuple réactionnaire que l'on avait fraichement démasqué, on va commencer par humilier. Les ingénieurs des Ponts et Chaussées et les ingénieurs du Génie rural et des eaux et forêts  seront transformés en Ingénieurs des ponts et des eaux et forêts. Les IPEF. Exit donc les chaussées, emprises diaboliques créées par le viol de la nature. Exit le génie rural, père incestueux et alcoolique des pesticides et autres OGM : place à la science des faunes et autres Elfes auxquels on concédera les ponts qui doivent leur permettre de se sauver de la montée prochaine des eaux organisée par Gaia. IPEF !!!Avec pour anagramme EPIF comme le chien du même nom. !

Le grand exécuteur des œuvres du Ministre (car il faut un bras ferme pour seconder celui dont les sens peuvent devenir défaillants dès après le déjeuner) sera un préfet (ennemis traditionnels et jurés des irrédentistes directeurs départementaux de l’équipement) d'autant plus motivé qu'il doit sa carrière moins à son talent qu'à son démarchage politique et répond, cela ne s'invente pas au nom de Lallemand !

 

Le parallélisme avec ce que fut la révolution culturelle est frappant tant il est fait place aux signes et aux symboles. L'adjectif routier et tout ce qui s'y attache devient une insulte et on fait clairement savoir à ceux qui s'investiraient dans ce domaine que leur carrière en pâtira. D'ailleurs les seuls investissements routiers acceptables sont désormais des investissements verts visant à réduire l'emprise de l'existant sur la nature. L'ineffable Chantal Jouanno , bombardée un moment secrétaire d'Etat dans ce temple de l'inutile envisage d'ailleurs de faire planter des espèces mellifères le long des axes routiers, lesquelles permettront sans doute aux abeilles de piquer ce qui reste d'agents d'exploitation et de punir les automobilistes en s'écrasant sur leurs pare-brise.

 

Ce qui est étonnant dans cette affaire est que cette humiliation n'ait pas déclenché de résistance, en tout cas ouverte. Pis, on sera plutôt sur le registre de la collaboration. Comme les gardes rouges soutenaient Mao contre la bande des quatre, nos ingénieurs vont brandir le petit livre vert. Certains se découvrent croisés de la police des eaux partant en guerre contre l'agriculteur qui a désherbé chimiquement ses fossés comme les musulmans avaient profané les lieux saints. D'autres, convaincus que l'urbanisation confisque des terres qui manqueront pour la biodiversité et une agriculture débarrassée des pesticides vont battre la campagne pour expliquer aux maires qu'il faut réduire à la portion congrue les parcelles en lotissements. La nouvelle conversion au catéchisme vert est en symbiose avec ce qui sommeille au fond chez ces fonctionnaires. Si on peut à nouveau entasser les gens dans des tours on aura fait d'une pierre deux coups : on aura sauvé la biodiversité tout en préparant une crise urbaine et sociale dans vingt ans, au règlement de la quelle il faudra bien affecter des fonctionnaires. Même ceux qui travaillent encore autour des projets routiers se désintéressent des questions de coûts et de sécurité pour rappeler qu'ici il y a des zones humides et que la  violette de Rouen que l'on n'a pas vu depuis le seizième siècle pourrait réapparaitre et qu'il faut en conséquence modifier le  tracé quitte à raser cinquante pavillons (de salauds de pauvres qui polluent NDLR).

 

 Bref : ce n'est même pas le STO c'est quasiment la division Charlemagne ! L'ordre vert n'est sans doute pas l'ordre brun mais il ne vient pas à l'esprit de ces gens, partie intégrante de l'élite de la République, de s'interroger sur les effets économiques désastreux de leurs actions. Il ne vient à personne (en tout cas ceux qui savent se taisent) l'idée que ne travaillant pas ils seraient simplement inutiles, que travaillant, ils sont tout simplement nuisibles.

 

Au fil du temps, se dévoile le caractère fantasmagorique de ce qui ressemble au radeau de la Méduse. Sarkozy a clairement sonné le glas de cette fête grotesque en affirmant que l'agriculture et l'environnement, cela commençait à bien faire. Le développement durable, construction intellectuellement ubuesque juste faite pour légitimer les salaires gargantuesques des fonctionnaires onusiens et enrichir tous les escrocs de la vertitude, est désormais un canard sans tête. Comme le Kyrie, dans la messe traditionnelle, il constitue un exercice obligatoire quand bien même on ne sait même plus de quoi il s'agit si jamais on l'a su. Tels des derniers Mohicans, qui voudraient se convaincre qu'il peut faire jour à minuit, tout ce petit monde fonctionne de manière totalement autiste dans un environnement marqué par la crise et les délocalisations.

 

Le dérisoire et le pitoyable de ces ingénieurs (dont on attendait quand même un peu plus de clairvoyance au regard du prix auquel ils sont facturés au contribuable) contraste avec le cynisme et le machiavélisme de ceux qui ont inspiré ce projet. On aura démontré que ce ministère ne sert à rien voire qu'il est nuisible. Il restera à passer à la phase suivante : faut il continuer à payer des fonctionnaires au mieux inutiles (les élus locaux qui soutenaient les DDE et demandaient le maintien des services publics n'en attendent plus rien).

 Ce ministère était un rouage essentiel de l'Etat Providence à la française : un Etat qui crée ou contribue à créer de la richesse : ce qui s'est passé c'est bien une des manifestations de dégénérescence de cet Etat en Etat Abstinence. L'Etat Abstinence est ce que fut Héliogabale à Auguste. Non seulement il ne protège plus, mais de plus il détruit avec perversité.

 

A ceux qui penseraient que l'Arche de la Défense est devenue l'Arche de Noé, il faut impérativement dire d'ouvrir les yeux. Noé était ivrogne et capitaine du radeau de la Méduse.


MK