ROCARD FAIT LE GRAND ECART

 

 

 Rocard est décidément étonnant. La sortie de son dernier livre « mes points sur le « i » » pour lequel il est interviewé par le Monde en constitue une illustration supplémentaire. Beaucoup de clairvoyance et de clairvoyance courageuse en même temps que le raisonnement n'est pas toujours abouti et que l'on peut s'interroger sur ses contradictions.

 

Le diagnostic rocardien est clair : nous sommes dans une crise profonde, affectés que nous sommes par l'absence de perspectives de croissance le tout dans un monde marqué par un renchérissement des ressources naturelles et où la finance détruit les richesses au travers de son activité spéculative.

 

Premier constat auquel on peut souscrire : l'allongement de la durée du travail, le « travailler plus » ne créera pas de richesses et de croissance. La tendance longue est d'ailleurs à la réduction de la durée du travail.

Il est clair que la croissance , qui ne peut se faire aujourd'hui qu'au travers d'un accroissement de la productivité, permet la réduction du temps de travail (voir l'essai intitulé « Votre fille sera bonne à Pékin ») En revanche l 'allongement de la durée du travail ne permet que marginalement et sous certaines conditions de produire de la croissance . Cette dernière suppose d'une part l'existence d'une demande solvable ( c'est bien pour cela que le plan grec, en jetant ce pays dans la restriction ne peut que provoquer de la croissance négative selon la propre formule de la directrice du FMI et donc une impossibilité accrue de réduire l'endettement) et d'une offre compétitive ce qui suppose de la force de travail mais surtout des investissements et de la technologie innovante. Faute de ces conditions on ne peut travailler plus car les entreprises n'ont aucune raison de le faire et , même si elles le font , le temps de travail supplémentaire est compensé par une baisse de la productivité. C'est d'ailleurs bien pour cette raison que les entrepreneurs ont saisi l'intérêt que pouvaient avoir les trente cinq heures dès lors qu'elles étaient compensées par de la flexibilité au niveau des horaires. Sarkozy est un bien piètre économiste et encore plus sûrement un escroc s'il pense que c'est en travaillant plus que les « Contis » ou autres « Lejaby » pouvaient s'en sortir. A moins que ce ne soit en travaillant plus et en gagnant moins ce qui est plus proche de l'écœurant cynisme de la droite populaire.

 

Deuxième constat : les Verts, en convainquant les Suédois, les Allemands et quelques autre encore d'abandonner le nucléaire « vont créer au sein de l'Europe une véritable famine énergétique au moment où les quantités de pétrole et de gaz vont baisser » On ne peut qu'approuver une telle dénonciation de la bêtise criminelle de ces derniers au moment où cette pauvre Eva Joly qui doit nourrir le projet de remplacer l'avion par le drakkar a le culot ou la stupidité de prétendre défendre les pauvres et les défavorisés et de créer des emplois verts sans se rendre compte que , au regard des technologies utilisées,tout cela n'est faisable qu'aux dépens du contribuable ou grâce à un nouvel accroissement de l'endettement.

 

Et Rocard de conclure que puisque des années de vache maigres nous attendent du fait de l'absence de croissance voire de la récession, la seule manière d'éviter l'explosion est de partager le travail.

Encore que cette affirmation procède plutôt de l'implicite ou d'une perche tendue par le journaliste.

 

C'est un peu ce qui interroge : partager le travail est, en soi, une proposition intéressante mais à certaines conditions toutefois.

-d'abord que cela ne se traduise pas par le remplacement de travailleurs efficaces et productifs par d'autres qui le sont moins. Rocard qui évoque les temps bénits de plein emploi oublie cependant qu'à cette époque, il existait une part bien plus importante de travaux manuels ( agriculture et industrie) qui pouvaient être exercés par des travailleurs peu ou pas diplômes. Les cantonniers creusaient des tranchées à la pelle et à la pioche , on transportait le foin et les gerbes de blé à la fourche. Tout cela a disparu aujourd'hui et il existe une population non négligeable qui sortant du système scolaire sans diplôme, sachant à peine lire et écrire est difficilement employable. C'était d'ailleurs la caractéristique des pays du nord de l'Europe que d'afficher une taux de chômage bas quand, à l'instar des Pays Bas, une partie de la population était reconnue inapte au travail et indemnisée pour cela mais aussi sortie des statistiques du chômage. En clair , on aura du mal à transformer une grande partie des bénéficiaires du RSA en informaticiens.

-ensuite , ce qui vient d'être dit doit être complété par une interrogation : cette réduction du temps de travail se fait elle avec réduction des salaires (auquel cas bon courage à celui qui voudra la mettre en œuvre) ou avec maintien du pouvoir d'achat ; ce qui suppose des financements publics (mais l'État ne le peut plus) ou des marges de manœuvre des entreprises mais en ont elles vraiment ?

-en troisième lieu plus de temps libre génère plus d'activités du même nom . Si on en profite pour jardiner, cela peut profiter à l'économie locale. Si c'est plutôt pour voyager cela se traduit par une fuite du pouvoir d'achat vers les pays d'accueil et par des déficits accrus

 

Pour résumer, comme on ne peut accuser Rocard de souhaiter un dispositif financé par le budget de l'État , il y a crainte que la fin de cette interview ne soit jamais que la traduction d'une douce rêverie sentant bon la décroissance chère à Mr Cochet. Oui vous gagnerez moins mais vous travaillerez moins et aurez plus de temps pour contempler les couchers de soleil. Car le projet de rendre la société de demain « moins marchande et moins cupide » selon les propos de Rocard est en soi tout à fait louable. A ce détail près que les systèmes qui se sont donnés pour projet de créer le bonheur se sont souvent terminés en cauchemars .

 

C'est d'autant plus étonnant que notre cher Rocard avait logiquement la solution au problème qu'il pose.

Oui : la réduction du temps de travail est souhaitable car, contrairement à ce qu'affirment certains le travail surtout quand il est salarié n'est pas forcément un lieu d'épanouissement. Mais elle n'est possible qu'à la condition de retrouver les chemins de la croissance grâce à de nouveaux gains de productivité tirés de technologies nouvelles. C'est cette croissance qui doit aussi permettre d'apporter les ressources qui permettront de créer des emplois pour ceux qui en sont privés en donnant les moyens de leur financement. Par exemple, on peut créer de nombreux emplois peu qualifiés dans le domaine de l'assistance aux personnes âgées dépendantes mais ceci suppose que l'économie dégage les moyens nécessaires à leur financement par prélèvement non sur le budget des contribuables mais sur les fruits de la croissance.

La seule solution pour faire face à la concurrence des pays émergents n'est pas la baisse des salaires comme le réclament des canailles bien connues . Au regard des écarts , elle n'aurait aucun effet sinon de plonger les gens dans la misère. Elle passe par plusieurs voies mais dont les principales sont :

  • la robotisation accrue des systèmes de production : le robot n'est pas rémunéré et ne coûte aucune charge sociale.

  • L'accroissement de la recherche qui lui est corrélatif non seulement pour concevoir ces robots mais aussi pour trouver les technologies qui , en matière énergétique permettront de desserre la contrainte liée au pétrole .

Rocard a raison de s'en prendre à la canaille verte mais il s'arrête en chemin en considérant comme intangible la donnée relative au pic pétrolier. C'est bien du pétrole dont il va falloir apprendre à se passer non pas en vivant avec la pénurie mais en utilisant d'autres formes d'énergie s'agissant notamment des moyens de transport.

 

Ce qui veut dire est que le premier travail est de jeter Bové et ses comparses verts de gris dans un cul de basse fosse !

 

Mais c'est aussi le même Rockie qui, il n'y a pas si longtemps , vantait les mérites de la taxe carbone !!! le même qui manifeste quelque clairvoyance quand il s'agit de pointer les dangers de la propagande anti-nucléaire et l'obscurantisme qui la suscite mais est incapable de comprendre que la guerre faite au nucléaire tout comme le spectre du réchauffement climatique ou encore l'agitation de peurs liées aux OGM ne sont que la même face ignoble d'une camarilla d'ennemis du progrès et de la démocratie entourés comme dans les sectes d'une horde bêlante d'idiots utiles. quez ici et entrez votre texte