21 eme lettre de Zazubie: les mésaventures infantiles de Crassepoutine

                             

Charlotte elisabeth in beieren

           VINGT ET UNIEME LETTRE DE ZAZUBIE

            D’ALDEBARAN A LA MARQUISE

                  QUEFOUILLE-MISSILNAIS

Ma bien aimée marquise,

 Il y eut, au 18 eme siècle, un philosophe qui s’appelait  Georges Berkeley. Il naquit en Irlande en 1685 et mourut en 1753. C’était aussi un saint homme puisqu’il fut évêque de Cloyne mais ne me demandez surtout pas où peut être cette ville surement charmante, même si elle ne saurait égaler la splendeur du royaume élisabéthain de Zazubie car je n’en sais strictement rien.

Mais ce n’est pas la sainteté de cet homme qui motive mon propos tant je dois vous assurer que les dernières semaines m’ont définitivement dégoûté de tout ce qui relève de ce chapitre, tant on nous a asséné jusqu’à plus soif et surtout plus faim (car la nourriture était rustique) tout ce qui est imaginable et même ce qui ne l’est pas sur la nature proprement messianique de celui qu’il faut appeler désormais le révérend père Grapillon !

Non, c’est que ce philosophe professait des choses originales. Il s’était mis en tête de nier l’existence de la matière, considérant que tout ce que l’on voit, touche et sent n’est jamais qu’une image qui nous est envoyée par Dieu. On conviendra que, dès lors que l’on a pas partie liée avec le camp des mécréants, ce qui doit être reconnu au  père Grapillon, le point de vue est défendable et j’ajouterai même que bien malin est celui qui pourrait l’infirmer. Dieu étant d’ailleurs tout puissant, pourquoi lui serait-il venu à l’esprit de créer de la matière, laquelle constitue un détour aussi inutile que trompeur. Je vous aurai dit mille fois, je pense mais je radote, que certains découvrant une taupinière croient voir le Mont Gerbier des Joncs et  que l’on peut donc en déduire que si la matière existait ils verraient la même chose et que s’ils ne la voient pas c’est que Dieu en a décidé autrement. Mais je m’égare et m’embrouille.

En fait lorsqu’il m’arriva, je ne sais par quelle circonstance, il y a quelques années de lire cet éminent penseur, je dois dire que je fus vite convaincu qu’il avait soit abusé du Whisky (mais ce n’est point la le breuvage d’un Saint Homme) soit que le soleil lui avait grillé la cervelle (mais ce n’est pas dans la verte Irlande qu’une telle chose peut arriver). Et en ce temps là, le réchauffement climatique n’existait pas encore qui aujourd’hui a déjà grillé nombre d’esprit de manière plus magistrale que ne l’eût fait Torquemada

Et bien je dois dire qu’autant notre homme était fort imprudent de vouloir prêter à Dieu de tels artifices, autant ce que l’on sait aujourd’hui de la science donne sinon raison à notre évêque, du moins matière à  réflexion sur le fait que ses théories étaient moins stupides qu’il n’y parait.

En fait, ce que nous voyons n’est jamais que ce que nos yeux voient .Un lion ou une mouche ont des yeux mais ne voient pas le monde tel que nous le voyons. Est-ce leur réalité ou la nôtre qui est la bonne ou ni l’une ni l’autre ou l’une et l’autre si nous considérons qu’au fond ce que nous percevons nous suffit à expliquer le monde tel que nous le concevons.

J’ai vu récemment ce merveilleux spectacle donné par    sous le nom de Lucy qui selon les tenants de monsieur Darwin, fut notre ancêtre commune. Il parait que nous n’utilisons que dix pour cent de notre cerveau. Qu’en serait-il si nous en utilisions le double, voire même la totalité. Peut être découvririons nous que les mathématiques que nous tenons pour la plus parfaite des connaissances ne sont jamais que des conventions qui nous permettent de nous accommoder du monde extérieur ou que la terre n’est ronde que parce que nos pauvres dépouilles issues de créatures sorties des océans il y a quelque dizaines de millions d’années, ne peuvent la concevoir que comme telle et que ses véritables dimensions dépassent notre entendement !

Je m’égare, bien-aimée marquise car revenons à ce monsieur Berkeley, dont je ne sais s’il eut des enfants, grâce aux idées de copulation que lui envoya le créateur. On dit que le malheureux devait le fait de nier l’existence de la matière au fait qu’il lui vouait une incommensurable aversion, ce penchant lui venant d’une mésaventure survenue dans sa petite enfance. Voila encore une autre victime du bras assassin de monsieur Freud !

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Et bien, figurez vous que la chose n’est pas si extravagante puisque les mêmes faits produisant les mêmes effets- ce qui met en doute l’existence de Dieu car il faudrait bien lui octroyer le droit à quelques caprices montrant sa toute puissance- le Duc Crassepoutine est, en quelque sorte le hoquet historique de ce qui arriva à Georges Berkeley !

A l’âge de deux ans, le jeune Crassepoutine, déjà un peu lourdaud et ne sachant pas trop comment mettre un pied devant l’autre, tomba dans le pot de chambre familial. Sa mère ayant un postérieur bien nourri à la cuisine picarde, qui vous fait de bonnes grosses filles bien grasses que l’on appelle quand même Cindy, le vase était fort large et fort profond et notre Crassepouille faillit s’y noyer.

C’est depuis ce temps là que Crassepoutine garde vis-à-vis de la merde.

A vrai dire Crassepoutine est déroutant car sa phobie de la merde n’est, comme bien souvent que la contrepartie d’une profonde attirance pour l’étron. A la différence du révérend père Grapillon qu’attirent les troncs des églises

Crassepoutine est coprophobe et accuse à tout va de scatophilie ou de coprolalie quand il hésite manifestement entre traiter ceux qui le contredisent de scatophages ou de coprophages. Crassepoutine est coprofuge, du moins le croit il. Dans ses instants d’égarement il lui arrive de penser qu’il pourrait être coprocide et trouver auprès de Mère Nature l’amour qui lui a manqué…

Hélas, le naturel revient vite et ce destin funeste qui mit ce pot de chambre en travers de se route le poursuit d’un zèle scatopathe. Eh oui, Crassepouille n’est pas conquistador ni même théodore mais coprodore. Le soin névrotique qu’il porte à son apparence ne peut l’empêcher d’âtre coprophane. Il est si scatofère que tout ce qu’il touche et même pense ou croit penser se transforme en merde. Bref, Crassepouille c’est le coprophare de la pensée bernique, c’est le scatogene qui relie désespérément l’âme humaine à son dérangeant fondement, c’est le coprodule d’un monde qui se mit à genoux devant le  Petit Père des peuples.   

 

 

On ne voit pas, à vrai dire, pourquoi, ce malheureux a gaspillé sa pauvre vie à courir après les mets les plus délicieux que le créateur a bien voulu mettre sur sa table et à se plaindre en même temps des conséquences de sa gloutonnerie. Un désir secret de ressembler à Henri VIII, de devenir le Roy parce que Dieu l’aurait préféré dans ce rôle à Ubu ? Henri VIII consomma surtout un grand nombre de dames ; Crassepoutine en serait-il capable, lui qui ronfle dès qu’il a mangé, roté et pété

Regardez la Princesse Palatine, belle sœur de Louis  XIV, qui mangeait comme une vache et qui ensemençait les alentours de Versailles de ses gras étrons !

Voila ce qu’elle écrivait à sa tante la duchesse de Hanovre

« Le 9 d'octobre 1694

 

Vous êtes bien heureuse d’aller chier quand vous voulez ; chiez donc tout votre chien de soûl. Nous n’en sommes pas de même ici, où je suis obligée de garder mon étron pour le soir ; il n’y a point de frottoir aux maisons du côté de la forêt. J’ai le malheur d’en habiter une, et par conséquent le chagrin d’aller chier dehors, ce qui me fâche, parce que j’aime chier à mon aise, et je ne chie pas à mon aise quand mon cul ne porte sur rien. Item, tout le monde nous voit chier ;il y passe des hommes, des femmes, des filles, des garçons, des abbés et des Suisses. Vous voyez par là que nul plaisir sans peine, et que, si on ne chiait point, je serais à Fontainebleau comme le poisson dans l’eau.

Il est très chagrinant que mes plaisirs soient traversés par des étrons. Je voudrais que celui qui a le premier inventé de chier ne pût chier, lui et toute sa race, qu’à coups de bâton! Comment, mordi ! qu’il faille qu’on ne puisse vivre sans chier ? Soyez à table avec la meilleure compagnie du monde ; qu’il vous prenne envie de chier, il faut aller chier. Soyez avec une jolie fille ou femme qui vous plaise ; qu’il vous prenne envie de chier, il faut aller chier ou crever. Ah ! maudit chier !

Je ne sache point de plus vilaine chose que de chier. Voyez passer une jolie personne, bien mignonne, bien propre ; vous vous récriez : « Ah ! que cela serait joli si cela ne chiait pas ! »

Je le pardonne à des crocheteurs, à des soldats aux gardes, à des porteurs de chaise et à des gens de ce calibre-là. Mais les empereurs chient, les impératrices chient, les rois chient, les reines chient, le pape chie, les cardinaux chient, les princes chient, les archevêques et les  évêques chient, les généraux d’ordre chient, les curés et les vicaires chient. Avouez donc que le monde est rempli de vilaines gens ! Car enfin, on chie en l’air, on chie sur la terre, on chie dans la mer. Tout l’univers est rempli de chieurs, et les rues de Fontainebleau de merde, principalement de la merde de Suisse, car ils font des étrons gros comme vous, Madame. Si vous croyez baiser une belle petite bouche avec des dents bien blanches, vous baisez un moulin à merde. Tous les mets les plus délicieux, les biscuits, les pâtés, les tourtes, les farcis, les jambons, les perdrix, les faisans, etc., le tout n’est que pour faire de la merde mâchée, etc. »

 

La princesse Palatine écrivit ainsi 90 000 lettres ! Elle ne devait pas avoir le temps de s’emmerder !

On ne saurait qu’adresser une prière au créateur : qu’il envoie à Crassepoutine l’idée de toutes les lire : Outre que cela devrait l’instruire-et il en a bien besoin- cela devrait surtout lui prendre beaucoup de temps pendant lequel il cessera de nous faire chier !!!!

 

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  Que le joli mois de mai donne des couleurs à votre adorable minou

 

Votre Aldebaran

 

                 MK LE 3 MAI 2017