marianne2 pour une fois

 

 

 

 

 

 

                    Une fois n’est pas coutume : Marianne 2 qui , par indigence autant que par avarice nous sert habituellement les ratiocinations éoliennes de Elie Arié ou autres grands esprits dont le temps largement passé à écrire ne compense manifestement pas la faible productivité de leur plume nous gratifie  cette fois d’ une interview de Jean-Claude Guillebaud, intitulée : « La fin du néo-libéralisme ».

                       Derrière ce titre, on s’attend naturellement à la sempiternelle et inépuisable prophétie du grand soir  ou à quelque escroquerie intellectuelle dont Attali a fait son fond de bazar ( je ne dis pas fond de commerce – car le commerce suppose quand même un minimum d’intelligibilité). Et bien non ! moi qui confesse être l’un des plus mauvais publics qui soit , cet article est tout simplement lumineux.

 

                      Avant de faire quelques commentaires personnels, je souhaite simplement en résumer la teneur, en étant, je l’espère fidèle à l’auteur et à sa pensée.

 

L’auteur évoque d’abord les trois crises

 

                      La crise financière, ( dont on nous rabat les oreilles, en nous expliquant que du moment que la Bourse n’a plus la grippe aviaire c’est que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes) n’est jamais qu’une écume qui cache quelque chose de bien plus profond :

la crise structurelle liée à la mondialisation qui a libéré le « cheval fou du marché » des limites que lui avait imposées l’État régulateur et tout particulièrement l’État providence.

Mais aussi et surtout une autre crise, plus « positive «  celle la qui nous rappelle ce que disait Gramsci : « il y a crise quand le vieux n’arrive pas à mourir et le nouveau n’arrive pas à naître » : Vision beaucoup plus positive car elle nous rappelle-contrairement aux incantations charlatano-moyen ageuses des écolos que l’humanité est promise à un bel avenir si elle veut bien le prendre à bras le corps.

 

Guillebaud souligne les trois volets de ce qu’il nomme révolution :

 

-la révolution économique , liée à la mondialisation : c’est la moins originale car la mieux perçue sinon dans ses conséquences du moins dans sa configuration.

-la révolution numérique qu’il décrit comme l’apparition d’un « sixième continent ».Il n’est pas certain (mais qu’importe) que l’appellation soit des plus judicieuses car , l’auteur le montre, cet espace échappe pour l’essentiel aux règles traditionnelles qui prévalaient sur les cinq autres. Ainsi , si habituellement, l’échange se traduit par la perte de l’objet donné ou vendu pour celui qui donne ou vend, il n’en va pas de même dans le monde numérique où ce qui est donné ( un fichier, un logiciel etc…) est conservé : je donne mais je garde !!!

Une partie croissante des activités rejoint chaque jour ce sixième continent ; l’information mais aussi la finance etcc

 

Enfin la révolution génétique  qui permet pour la première fois à l’Homme de modifier le vivant , n’en déplaise aux hurluberlus hirsutes crasseux et barbaresques  qui suivent en braillant Bové , lequel joue à merveille ce rôle de chef de troupeau ou de horde.

 

 

Venons en maintenant à quelques réflexions :

 

Disons d’abord que le grand intérêt de cet article est de rappeler quelques fondamentaux qui semblent, aujourd’hui, tardivement, arriver jusqu’aux neurones de notre président.

 

1.On peut schématiquement distinguer la production matérielle de la production immatérielle même si cette distinction est factice et seulement destinée à la pédagogie. La première est composée de la nourriture , des vêtements , des logements, des moyens de transport etccc… Elle était majoritaire autrefois car dans un contexte de faibles rendements il fallait d’abord satisfaire les besoins fondamentaux. La seconde voit s’accroître sa part de manière vertigineuse tant grâce aux technologies nouvelles que du fait de l’augmentation du niveau de vie. Il faut seriner cette chose élémentaire : il n’y a de l’enseignement et des soins ( production immatérielle) que parce que l’on a pu libérer des bras de l’agriculture !!!!

 

2. Les échanges internationaux sont –pour des raisons diverses -à plus forte composante de production matérielle qu’immatérielle. C’est d’ailleurs là que le bât blesse : s’imaginer, comme certains l’ont soutenu pendant de longues années que l’on peut laisser les Chinois et les Indiens fabriquer chaussures et vêtements puisqu’on leur vendra du software est une profonde illusion : la désindustrialisation des USA  et de l’Europe, la mise à mort de l’agriculture européenne orchestrée par la Commission européenne expliquent nos déficits abyssaux et croissants qui tôt ou tard se traduiront par une dépréciation de nos monnaies, dont le taux de change détermine notre pouvoir d’achat.

 

3.Mais il y a plus pernicieux : cette distinction entre production matérielle et immatérielle est en partie factice car en réalité, il y a schématiquement deux situations :

soit la production est purement immatérielle : cas des activités non marchandes par exemple.

Soit l’immatériel est intégré au matériel pour composer un tout c’est à dire un produit matériel à forte composante immatérielle : c’est la fusée Ariane.

Or , les Chinois ou autres Indiens sont évidemment tres capables de fabriquer des fusées, Ariane ou pas ou des TGV , y compris s’ils doivent d’abord importer le software. En revanche, il est peu probable qu’ils importent les soins aux personnes âgées que nous fabriquons !!! C’est somme toute ce que disait Sarkozy en expliquant, dans une entreprise, qu’une économie ne pouvait fonctionner avec des fonctionnaires c’est à dire des travailleurs qui , pour utiles qu’ils puissent être produisent des services non marchands.

 

 

C’est en cela que cette interview de Guillebaud est intéressante car il pose implicitement les enjeux des années à venir pour les pays développés face à la concurrence des pays émergents. En clair, comment éviter que nos petits enfants soient femme de ménage à Pékin ou serveur à Bangalore ?

 

Le premier défi est évidemment celui de l’énergie : le seul sur lequel les verts ont raison d’insister et c’est d’ailleurs pour cela qu’ils ne sont pas les seuls à le souligner !!!

La question doit d’ailleurs être scindée en deux , des lors que l’on s’abstient d’entonner les litanies vertes pour qui la consommation d’énergie est déjà un crime en soi.

Il y a d’abord l’énergie » sédentaire » : celle qui alimente les usines , les habitations, l’éclairage public etc…Sous cet angle , si on ajoute les réserves connues de charbon et les potentialités du nucléaire, on a, normalement, le temps de voir venir. A condition évidemment de renoncer aux coûteux délires que constituent l’éolien, le solaire ou autres balivernes qui enrichissent quelques aigrefins mais pénalisent notre compétitivité et vident les poches des usagers.

Plus préoccupant est le problème de l’énergie « nomade » pour reprendre l’appellation de Claude Allegre ; c’est à dire celle qui est liée aux transports, hors ferroviaire.Elle est massivement liée , et pour quelques temps encore, au pétrole, lequel va devenir d’autant plus cher que la demande des pays émergents augmente tandis que notre perte de compétitivité, en érodant nos taux de change alourdit aussi la facture. Il n’y a pas grand chose à attendre de la voiture électrique , à l’autonomie ridicule qui n’aura d’autre vocation que de remplir les poches aux nombreux vautours chasseurs de subventions ou à quelques agences –auberges de paresseux intellectuels bien rémunérés comme l’ADEME. Peut être le moteur à hydrogène semble plus prometteur mais il faut attendre pour savoir !!!

 

 

On voit déjà le lugubre Cochet , les hélicologistes Hulot et YAB et notre incontournable Zezette qui a peur que le vol pour les Maldives soit complet si on ne se décide pas à coller un bon coup de taxe carbone aux prolos, nous beugler le couplet de la décroissance. Laissons les donc beugler .

 

En revanche, si l’enjeu fondamental est , comme le souligne Patrick Arthus , la réindustrialisation de nos économies( étant entendu que ce terme est sans doute inapproprié car il s’agit plutôt de retrouver nos capacités exportatrices) ce que nous dit Guillebaud est fondamental.

 

L’enjeu, pour les prochaines années n’est pas de couvrir le pays d’éoliennes, d’isoler thermiquement le parc HLM pour pouvoir ensuite éjecter les locataires qui ne pourront pas payer les loyers et encore moins de construire des maisons de retraites pour les scarabées pique-prunes !!!En clair il s’agit d’arrêter de jeter l’argent par la fenêtre pour satisfaire Hulot et ses sbires.

 

Je prendrai simplement trois exemples illustratifs, je crois , de ce que dit Guillebaud.

 

S’agissant d’abord de la révolution génétique, le Cyborg qu’il évoque est peut être pour un demain plus proche qu’on ne le croit mais pas pour l’immédiat. L’agriculture est cependant le champ de prédilection de cette révolution génétique au centre de laquelle se trouvent les OGM. L’enjeu n’est pas seulement de fabriquer de nouvelles plantes qui n’auront besoin ni de pesticides ni d’engrais chimiques ou encore des rendements supérieurs et des goûts différents. Que Juppé ait décidé de ne plus manger de cerises en hiver voilà un engagement qui ne devrait pas beaucoup lui gâcher la vie. Il ne nous a d’ailleurs pas promis de ne pas aller en manger à Cape Town pour le réveillon. En revanche, le génie génétique , pour peu que l’on veuille bien mettre en prison les hordes obscurantistes et avinées qui fauchent les champs, devrait permettre de concevoir des végétaux qui échappent au gel ou résistent à la sécheresse, des animaux qui résistent naturellement aux maladies : tout cela signifie moins de transports !!

   Pour que les choses soient claires faisons tout de suite justice de l’imbécile principe de précaution en rappelant qu’avec lui, l’usage du feu aurait été probablement interdit ce d’autant que le feu a du faire plus de victimes que l’ESB ou le H1N1 !!!

 

Deuxième exemple : le logement ou plus précisément la domotique , produit de la révolution numérique. On se vautre dans des politiques d’isolation thermique, qui font la fortune de quelques marchands tandis que les bénéfices sont des plus aléatoires pour leurs usagers. Nous sommes sans doute à l’aube d’applications beaucoup plus révolutionnaires, comme celles dérivées de la robotique qui permettront aux individus d’avoir un logement produisant des fonctions diverses et variées. Pensons notamment à ce qui pourrait être fait sur ce plan en matière d’assistance et de maintien à domicile des personnes agées.

 

Troisième exemple, pourtant bien banal : le télétravail. Une grande partie de la population, celle qui n’accomplit pas une production physique peut très bien effectuer son travail depuis son domicile à la condition d’être équipée de manière performante. 

Il est remarquable de constater qu’au sein de ce pauvre ministère à la dérive que dirige tant bien que mal JL Borloo , le télé-travail n’existe pas !!!!! ce qui est un comble pour une institution donnant des leçons d’écologie tous les jours que Dieu fait !

S’il n’existe pas , ou si peu ce n’est pas parce qu’il est difficile à mettre en œuvre mais pour d’autres raisons , plus ou moins inavouables, parmi lesquelles la volonté de ceux qui détiennent une parcelle de pouvoir de contrôler physiquement leurs subordonnés. Ensuite on trouve toujours quelques Diafoirus de médecins ou de sociologues pour expliquer que la rencontre sur un lieu de travail est nécessaire pour l’équilibre de chacun.

 

Or les technologies existent aujourd’hui qui permettent la rencontre virtuelle. Il suffirait d’en faire une priorité pour qu’elles soient rapidement améliorées. On sait , aujourd’hui voir et entendre à distance ; il reste à développer les trois autres sens mais les technologies les plus avancées (voir les dernières attractions du Futuroscope) donnent à penser que tout cela est désormais du domaine du possible.

 

Les bénéfices sociaux en seraient considérables et sont de l’ordre de la révolution : l’organisation actuelle des activités humaines suppose, pour exister, des dépenses gigantesques qui du coup , deviendraient inutiles ce qui permettraient d’affecter les moyens libérés à d’autres priorités. Imaginons les gains pour les individus mais aussi pour la collectivité que représenterait la suppression des transports domicile-travail découlant de l’organisation de l’activité en télétravail !

 

Allons plus loin et rêvons :j’aimerais bien prendre le transsibérien et faire une halte à Irkoutsk sur les rives du Baïkal. Aujourd’hui , dans le meilleur des cas, je n’ai comme substitut au voyage qu’une malheureuse video, où trainent, comble d’horreur , la tronche et la voix de Y. Arthus Bertrand. Si demain , la technologie me permet , au surplus de sentir les odeurs, de goûter un plat qui m’aura été livré pour l’occasion et…. d’être virtuellement assis dans un wagon et de dialoguer avec un couple de russes que je comprendrai d’autant plus facilement que la question de la traduction simultanée par ordinateur aura été résolue , cela vaudra –t-il la peine que je prenne l’avion jusqu’à Moscou et que je dépense autant d’argent ?

 

Bon d’accord , ce n’est pas pour demain mais après demain !! 

Mais c’est bien la que sont les enjeux ;au lieu et place , on veut claquer de l’argent qu’on a même plus pour sauver l’ours polaire d’un danger qui ne le menace pas et pour occire définitivement le carbone dont nous sommes pourtant composés. Madame Jouanno veut mettre des plantes mélifères sur le bord des routes pour que les abeilles puissent s’écraser sur les pare brises des automobilistes même quand la vitesse autorisée aura été ramenée à trente kilomètres heures.

 

Merci Mr Guillebaud pour nous avoir rappelé qu’il existait encore des îlots d’intelligence dans cet océan de bêtise !