L'ECOLE DES TAUPIERS DE MADRE (article de Ouest-Fiente)

L’ECOLE DES TAUPIERS DE MADRE A GAGNE SON PARI

 

 

 

Le député du Nord-Mayenne est particulièrement fier d’avoir réussi ce bon coup.

Car peu de gens croyaient vraiment à ce projet, tant le métier semblait appartenir au temps de nos grands-pères. Mais le député est tenace comme se plait à le dire parfois le ministre de l’agriculture Bruno Lemaire. C’est cette invasion de taupes qu’a connu le Nord-Mayenne qui aura été le déclencheur. Il a mis toute son énergie à les combattre , mais , il était trop occupé pour endiguer tout seul le fléau.

 

Je suis allé voir le ministre et je lui ai dit : ces bestioles ruinent les agriculteurs et dans le même temps, la région compte nombre de jeunes chômeurs qui trouveraient là un moyen d’être socialement utile en gagnant leur vie. Je lui ai vendu l’idée de la création d’une école ; il m’a trouvé les financements , le Conseil Général a mis un peu la main à la poche , la communauté de communes aussi et le résultat est là ?

 

Effectivement, la commune a mis à disposition une salle . Puis il a fallu trouver un enseignant, ce qui ne fut pas aisé. Notre député, bien que d’une inégalable habileté dans cet art difficile et en voie de disparition ne pouvait assurer seul l’enseignement.

 

Je passe de temps à autre , quand j’ai un créneau pour leur donner des astuces , des choses que j'ai apprises de mon grand-père et de mon père ?

 

L’école a démarré avec 12 élèves, de tous âges et de tous horizons . Pour Georgette, veuve depuis un an et au chômage, c’était un nouveau départ.

 

J’hésitais beaucoup mais ma fille m’a dit il faut te lancer. Aujourd’hui je ne le regrette pas ?

 

Pour Gustave, ancien alcoolique repenti, l’école a été comme une porte de salut :

J’arrivais plus à me lever le matin et je commençais à voir des truites au plafond. Maintenant quand je vois des taupes, je me dis au moins que je suis dans le vrai ?

 

Le Directeur et enseignant, Ernest Grudé est tout particulièrement fier de l’un de ses recrues ; Cindy, qui surpasse en habileté ses collègues masculins. Un peu timide au début, elle s’y est mise et réussit aujourd’hui à éliminer une demi-douzaine de parasites par jour, ce qui est sans doute loin encore des performances du député( qui, rappelons le , a l’an dernier tué 68 taupes en un seul après midi à l’occasion de la fête communale de Montaudin) mais, selon le maître taupier, elle est sur une pente nettement ascendante et ses marges de progression sont considérables.

 

Avant, avec mon copain Kevin, on s’ennuyait le week-end, alors, on allait en boite et on faisait des bêtises. Maintenant je lui apprends à chasser les taupes. Il est en contrat d'avenir à la déchetterie de Couptrain mais l’an prochain, il voudrait entrer à l’école ?

 

Comme quoi taupier peut aussi se conjuguer au féminin, commente Madame Couillabin, mairesse de Rennes en Grenouille, venue visiter l’école pour voir si elle ne pourrait pas embaucher un apprenti quelques heures par mois pour mettre de l’ordre dans son nouveau zoo.

 

Mais on ne peut abandonner le lecteur sans évoquer la fierté du député et du directeur lorsqu’ils évoquent la meilleure pièce de leur tableau de chasse :Franck Ribery en personne qui nous a expliqué ce qui a motivé sa démarche:

 

J'ai un copain qui m'a dit : quand tu fais ce job là , tu pines dans les champs de topinambours et de rutabagas: alors , mes collègues, ils disent toujours: Franckie est encore en rut, des taupes c'est fou comme y n'en bourre! ?

 

Toujours enigmatique ce Franck Ribery !