CAVANNA: UNE MAYENNE PEU GLORIEUSE

 

 

LE 29 Janvier 2014 mourait François Cavanna , un de ceux qui avait fait les beaux jours d’Hara Kiri avec Reiser et dont Charlie n’est que la triste copie…

Excepté Alfred Jarry , il est rare que les grands créateurs soient inspirés par la Mayenne. Ubu restera plus célèbre que François Zochetto…lequel a sans doute eu pour lui d’être plus discret que Grivaud mais aurait su « ne pas résister aux injonctions de Meister Kubbe »

Ils ignorent ce coin de France et ce n’est pas plus mal car, relisant les Russkofs, j’ai ressenti de la honte à partager mes racines avec le « troupeau de mayennais » à qui Cavanna eut affaire en Allemagne alors qu’il était astreint au STO.

Ils devaient venir de Renazé ou pire encore d’Ernée, des ardoisières ou de la chaussure et dans ce récit pathétique ils font vomir….

Si vous ne vomissez pas, c’est que vous êtes bien un mayennais qui , après avoir chié dans son ben sous l’occupation entre deux dénonciations à la milice, chie aujourd’hui sur la selle de son vélo pour ne pas être lâché par le groupe…..sauf en période de confinement où il aura dénoncé le groupe aux gendarmes de Port Brillet

Mais….si vous allez jusqu’à la fin, cela veut dire que vous aurez assumé …. voyez la suite…

 

 

 

 

 

La Mayenne a investi en force le Quarante-six, toute une horde. Des paysans-ouvriers, taillés massif, plein chêne, ça va à bicyclette travailler aux ardoisières ou dans la chaussure — j'apprends qu'il y a pas mal de fabriques de chaussures, par là — et ça laboure le lopin familial avant d'aller se coucher. Restent entre eux, ne se mêlent pas, parlent peu aux autres, se méfient surtout des Parisiens. Culs-bénits, ça va de soi, du genre médaille au cou et crucifix à la boutonnière. Au début, je veux dire : avant nous, c'étaient les Russes qui conduisaient les presses. Et puis voilà que la firme Graetz A.-G. avait décidé de se débarrasser de tous ses Soviétiques mâles. Sans doute sur un ordre venu d'en haut. Qu'étaient devenus ces gars, les filles sont incapables de nous le dire. Tout ce que je sais, c'est que nous sommes arrivés pile pour prendre la relève. Meister Kubbe, après les jours relativement débonnaires de mises au courant, avait commencé à nous houspiller, soucieux. Il aurait voulu que la production sorte enfin des balbutiements de l'apprentissage pour s'installer majestueusement dans la vitesse de croisière et ronfler à ces cadences accélérées qui justifient le maintien loin du front d'un agent d'assurances apparemment en excellente santé. Le terrifiant Herr Miiller surgissait de plus en plus souvent, n'importe quand, précédant un quarteron de casquettes arrogantes mêlées de crânes roses lunettés d'or et d'Obermeisters en blouse grise, ces derniers suant la trouille. L'un ou l'autre de ces importants prélevait une pièce encore brûlante, jouait du pied à coulisse, engueulait Meister Kubbe et lançait vers nous des regards furibards. Le rendement était lamentable, le rebut énorme. Je suppose que l'un des cerveaux cerclés d'or était l'inventeur génial des fusées d'obus en fer-blanc fourré à la bakélite, ce devait être sur ses instructions que l'on avait construit les monstres du Quarante-six et toute la chaîne de fabrication dont ils n'étaient que l'un des maillons. Maria m'explique : « Wir, sehr dumme Leute. Nicht verstehen Arbeit. Immer langsam. Immer nicht gut. Wir sehr, sehr dumm. Pognimaïèche ? » Nous, gens très bêtes. Pas comprendre travail. Toujours pas vite. Toujours pas bon. Nous très très bêtes. Tu comprends ? Je comprends très bien. Elle mime en parlant, du geste et de la grimace, on dirait Chariot. Pour montrer combien elle est bête, elle appuie son index contre sa tempe et elle le visse en secouant la tête de droite à gauche avec accompagnement de petits coups de sifflet. Elle pointe vers moi : « Toi aussi, très bête. Très, très bête. » Elle lève l'index, solennelle : « Aber, nicht faul ! » Mais pas feignant. Son regard exprime toute la conviction d'une dame patronnesse qui croit fermement aux possibilités de rédemption d'un vieux truand. « Pas feignant du tout ! Toi vouloir travailler. Toi content travailler. Toi travailler beaucoup beaucoup. Mais toi très bête, très pas bon dans ta tête, très pas bon dans tes mains, toi pas vite, toi casser pièces, casser machine, ach Schade! Alles kaputt! Kein Glück! » Elle est navrée. Son doigt menace, sévère. Il faut se trouver droit en face de ses yeux, juste droit en face, et tout près, et regarder tout au fond, pour voir le rire, l'énorme rire qu'il y a, tout là-bas au fond de ses yeux. Les oreilles qui traînent ne peuvent que se féliciter du zèle de cette consciencieuse ouvrière à encourager mon ardeur au travail, à déplorer mes maladresses en même temps que les siennes propres. Toutes les presses de l'Abteilung sechsundvierzig se traînent à des cadences curieusement parallèles dans la médiocrité. Et cela pour les trois équipes. Jusqu'au jour où Herr Muller réunit au réfectoire les deux équipes de repos et, du haut de son impeccable costume anthracite, déclare : « Je ne veux pas savoir si vous êtes des imbéciles ou des saboteurs. J'ai personnellement insisté pour que l'on confie ce travail à des Français. Je croyais l'ouvrier français intelligent, vif, habile, et surtout loyal. C'est donc moi qui suis responsable si ça ne marche pas. Très bien. Dans deux semaines, ceux d'entre vous qui n'auront pas doublé leur chiffre actuel et réduit leurs pièces refusées à moins de cinq pour cent du total feront l'objet d'une plainte pour complot de sabotage et seront immédiatement livrés à la Gestapo. A dans deux semaines, messieurs. » Il est parti. On se regarde. Quelques « Ben, merde! » impressionnés se traînent à ras de terre. René la Feignasse, un grand veau dans les quarante berges, me harponne par le bras : « T'y crois, toi ? Tu crois qu'il le ferait ? » Je dis : « Il a là gueule à le faire. — Alors, autant qu'ils m'embarquent tout de suite! Parce que moi, plus que ce que je fais, je peux pas. J'ai même pas la force de me déloquer, je me pieute tout fringué, avec mes pompes, j'ai les guibolles en flanelle, merde, je donne mon maxi, moi ! Et pis d'abord, les trois-huit, je m'y fais pas. Roupiller le jour, j'ai jamais pu, jamais. Et pis j'ai faim, merde, on la saute. Qu'il me file donc tout de suite à sa Gestapo de merde, de toute façon c'est comme ça que ça finira pour tout le monde, un peu plus tôt, un peu plus tard... » Rouquin, le grand rouquin à coups de tête, mauvais comme un âne rouge, nous secoue les idées noires : « Oh ! dis, eh, s'ils sont pas contents, ils avaient qu'à nous laisser où qu'on était, on leur demandait rien, nous autres. Y'a qu'à laisser pisser, on verra bien. Qu'est-ce que tu veux qu'elle nous fasse, sa Gestapo, en admettant ? Le premier qui vient me faire chier, je lui fous mon poing sur la gueule, ça, au moins, c'est sûr. » Voilà qui est simple et plein de santé ! Aussi con que ça soit, ça recolle l'ambiance. Les bras d'honneur fleurissent, l'interprète belge demande ce que ça veut dire exactement, une fois, hein, « Tiens, fume,, c'est du belge ! » On lui explique. Il rigole comme un Belge. Nous voilà partis à déconner ricanant et à râler pleurnichard, moitiémoitié, comme d'habitude, têtes pleines de vent que nous sommes. Mais pas la Mayenne. La Mayenne s'est regroupée à part. Ça fait un gros tas de dos qui bourdonne sérieux. * A la reprise, comme si de rien. Tout en manipulant les ferrailles dégoulinantes de bakélite figée, Maria et Anna m'apprennent « Katioucha ». Je leur apprends « O Catarinetta bella, tchi tchi ». J'imite très bien Tino Rossi, c'est ma spécialité, mais ça leur plaît pas, elles font « Tfou ! » et elles crachent, alors Rebuffet leur chante Sur la route de Dijon, la belle digue digue, ça les ravit, mais elles trouvent ça un peu simplet, un peu sommaire, dès le deuxième couplet elles sautent dedans en marche et brodent là-dessus un somptueux opéra russe avec clochettes, pompons et barbe-à-papa, elles guettent, gourmandes, le moment du refrain où l'on chante « Aux oiseaux, oh, oh ! Aux oiseaux ! », leur œil rit d'avance, elles lancent en triomphe : « Ou vazô, ô, ô ! Ou vazô! », bientôt toutes les filles à portée d'oreille en font autant, les presses s'abattent à la volée, des cathédrales de cristal de roche foncent droit en l'air et puis s'éparpillent en poussière d'arc-en-ciel, la fontaine court sur les cailloux, le bataillon console Marjolaine la digue dondai-aine, une louve au loin dans la steppe hurle son hurlement... On commence à se sentir vraiment en famille, dans notre coin. Tiens, on dirait que le torchon brûle, à côté. Les deux filles de la presse voisine de la mienne, celles du Mayen- nais à lunettes, c'est ça, n'ont pas l'air d'accord avec leur patron. Ça s'engueule aigre. Enfin, c'est surtout elles qui gueulent. Je demande au gars : « Qu'est-ce qui t'arrive? Font chier, ces salopes! Toi, mêle-toi de ton cul. » Ah! ça, c'est pas poli, ça. J'aime pas. Maria m'explique. Elle a l'air drôlement en boule. « Kamerad verruckt! Pognimaïèche? » « Pognimaïèche? » c'est « Tu comprends? ». Ça, oui, je comprends. Pas depuis longtemps, mais bon, ça vient. « Verruckt »? Ça a l'air allemand, ça, c'est tout ce que je peux en dire. « One s'ouma sochol ! Dourak ! » Ah, là, ça me dit quelque chose. Il est expliqué quelque part dans les oeuvres complètes de la comtesse de Ségur (née Rostopchine !) que le nom du célèbre général Dourakine vient tout droit du russe « dourak », qui signifie idiot, imbécile. C'est utile, la mémoire. Comme, en même temps. Maria a l'idée de faciliter mes efforts cérébraux en se vissant l'index sur la tempe et en sifflotant, la lumière jaillit : « Lui fou ? Con ? C'est ça ? » Je mime de mon mieux une tête de con. Le bonheur d'être comprise illumine Maria. « Da ! Da ! One fou ! One kâ ! Loui kâ ! Loui sehr kâ ! Loui ganz kâ ! Nié « kâ », Maria, a tak : « con ». Répète : « con ». Kônng? » Elle fronce le nez, se tord la bouche, les yeux lui sortent de la tête, c'est pathétique. Le français est une langue vraiment difficile, je commence à m'en rendre compte. Alors, voilà. Ce gars de la Mayenne s'est mis à pédaler comme un dingue. Les filles ne veulent pas marcher. Elles le traitent de fou à lier, de faux-cul, de rapace, de couille molle et de fasciste. Lui ne peut rien faire si elles ne sont pas d'accord. Il enrage, il a la trouille au cul, et il a rudement raison, moi aussi je devrais l'avoir, la trouille au cul, je l'aurais si j'avais un peu plus les pieds sur terre au lieu de planer dans les extases des premières amours, mais bon, quoi. Les autres Mayennais se heurtent au même conflit. Les filles s'opposent à toute accélération de la cadence, et sabotent, carrément ou sournoisement, leurs efforts. Un drôle de climat règne dans l'Abteilung. Meister Kubbe commence à flairer quelque chose. La Mayenne est bientôt à bout de patience. Le point de rupture va être atteint, c'est-à-dire le moment où l'un des gars, exaspéré, ira trouver Meister Kubbe, peut-être même Herr Müller, et lui expliquera d'où vient tout le freinage. Voilà comment on en arrive à faire la police pour les Chleuhs. Cependant, malgré toute l'héroïque mauvaise volonté des filles — je dis bien « héroïque », parce qu'elles, c'est la peau qu'elles risquent —, les presses conduites par les enfants de la verte Mayenne, et aussi quelques autres, faut être juste, augmentent peu à peu leur production, quantité et qualité. Meister Kubbe se défripe. Il félicite ces honnêtes travailleurs, leur tape sur l'épaule, un large sourire épanouit sa bonne bouille. Car il a une bonne bouille, mais oui. Il fait au recordman du jour de petits cadeaux d'encouragement, une part de gâteau pétri par les mains de Frau Kubbe, un petit sandwich au poisson fumé, une cigarette blonde... Maintenant qu'il sait que c'est possible, il fronce de plus en plus les sourcils, d'un air qu'il voudrait féroce et qui n'est qu'intensément emmerdé, lorsqu'il s'approche de ma machine ou de celle d'un autre trio de tire-au-cul. * Une semaine s'est déjà écoulée sur les deux. Aujourd'hui, je suis de l'équipe d'après-midi, on prend la relève à deux heures. Tout de suite, on sent de l'anormal dans l'air. Les filles sont déjà là. Debout à leurs places de travail, bras croisés, visages figés. Celles de l'équipe sortante, au lieu de se débander dans l'habituel remue-ménage d'interjections désabusées-rigolardes et de raclements de sabots harassés, restent là, chacune à son poste, côte à côte avec la copine, bras croisés. Devant chaque fille, posée sur le support où s'encastrent les plateaux de fusées à visser ou à dévisser, une cuvette-écuelle d'émail brun avec au fond une maigre bouchée de cette verdure bouillie que les Allemands nomment pompeusement « Spinat », épinards (prononcer « chpinatt »), en fait un mélange de je ne sais quelles herbes fibreuses où dominent les fanes de chou-rave strictement cuites à l'eau et au sel sans la moindre trace de matière grasse ou de patate, c'est insolemment dégueulasse, ça racle la gorge, je connais, j'en bouffe, on se partage nos gamelles, Maria et moi. Je demande à Maria ce qui se passe. Elle ne me répond pas, visage de bois,, regard perdu dans le vide, droit devant elle. Je demande à Anna, à une ou deux autres. Même manège. Les presses attendent, gueules béantes, crachant leur brûlante puanteur. Les mecs tournent en rond, désemparés. La Mayenne s'énerve. Je rassemble tout mon maigre vocabulaire russe. Je bouche les trous avec de l'allemand, quand j'en ai. « Maria, skagi ! Dis-moi ! Patchémou vy tak diélaïétié? Pourquoi vous faites ça? Warum? Was ist los? Skagi, merde, skagi ! Qu'est-ce que je t'ai fait, moi ? Tu me fais chier, bon Dieu ! » Elle me regarde enfin, terrible. « Nié skagi « Fais chier » ! Tu ne sais rien. C'est mieux. Tu ne dois rien savoir. Eto diélo nachoïé. C'est notre affaire à nous, à nous toutes seules. Reste tranquille, dourak. Tolka smatri ! » « Tolka smatri ! » Regarde seulement ! Je regarde. Meister Kubbe s'amène. « Aber was ist los? Was soll das heissen? » Tania, la grande Tania aux joues de bébé, elle a dix- sept ans, Tania la douce, Tania l'ange, regarde Meister Kubbe et dit : « Zabastovska. » Et puis se remet à fixer le vide, droit devant elle. Meister Kubbe appelle : « Dolmetscherin! » L'interprète d'atelier accourt. C'est Klavdia l'excitée, une « évoluée » criarde et minaudière dont il convient de se méfier, c'est du moins ce qui se dit chez les filles. On chuchote même qu'avec Meister Kubbe... Enfin, bon, les robes à fleurs ne poussent pas toutes seules sur les fesses des déportées, pognimaïèche ? Klavdia n'est visiblement pas dans le coup. Elle se fait répéter, pétrifiée d'incrédulité : « Chto? » Tania répète, sans la regarder : « Zabastovka, ty kourva! » Klavdia n'ose pas traduire. Meister Kubbe s'impatiente. « Was hat sie denn gesagt ? » Le mot a du mal à passer : « Streik. » Streik. La grève. Elle ne traduit pas « kourva » : putain. Ça, elle se le garde pour elle. Meister Kubbe en reste comme un con, la bouche ouverte. Streik... Elles osent! A Berlin, en pleine guerre, en plein nationalsocialisme, dans une usine de munitions, elles osent prononcer le mot imprononçable! Ces esclaves, cette merde sous-humaine qui devrait délirer de joie d'avoir été laissée en vie! Meister Kubbe jette alentour des regards désemparés. Il faut que ce soit à lui que ça arrive... Il finit par dire : « Vous savez ce que vous êtes en train de faire? Pourquoi faitesvous ça? Allons, mes enfants, reprenez le travail, il ne s'est rien passé. » Klavdia traduit en ajoutant quelques fioritures de son cru : « Vous êtes complètement cinglées! Pauvres connes, vous serez toutes pendues, et moi avec! Rien à foutre de vos conneries,.moi ! » Tania l'ignore. Elle se tourne vers Meister Kubbe, lui fourre sa gamelle sous le nez. « Nix essen, nix Arbeit ! Vott chto. » Pas manger, pas travail. Voilà ce qu'il y a. Meister Kubbe renifle la flaque de fibres verdâtres, hoche la tête, fait « So, so... » (prononcer « Zo, zo... », sans la bonne prononciation ça perd tout, moi je trouve), regarde Tania, dit « Ja, natürlich... » et, finalement, tranche : « Cela n'est pas mon affaire. Naturellement, j'en parlerai à la cantine. Mais il faut reprendre le travail, tout de suite. » Tania dit : « Nein. So fort essen. Denn, arbeitein. » Non. Manger tout de suite. Après, travailler. Klavdia, humiliée que le dialogue se fasse par-dessus sa tête, suant la peur, au bord de l'hystérie, glapit à voix suraiguë : « C'est du sabotage, sales connasses communistes ! Je m'en fous de vos conneries, moi, grosses vaches, culs pleins de fumier ! » Maria quitte sa place, sans un mot, lui colle une baffe à toute volée, et encore une de l'autre côté. Puis revient se croiser les bras. Tania dit, sans regarder Klavdia : « Toi, tu manges, salope. Toi, tu te fatigues pas. Sauf le cul, peut-être. Tu te le tapes sur un tabouret, au Kontrolle, et tu vérifies les pièces au pied à coulisse. T'as pas à te mêler de ça. » Là-dessus arrive Neunœil, le Meister de l'équipe descendante, inquiet de n'avoir pas vu sortir son troupeau. Il fait fonction d'Obermeister, c'est-à-dire que, hiérarchiquement, il coiffe Meister Kubbe. Lui, c'est la vraie peau de vache. Son œil unique a vite fait letour de la situation. Tania lui tend son écuelle, lui récite son imperturbable slogan : « Nix essen, nix Arbeit, Meister. » Il envoie dinguer au diable la cuvette et son contenu, balance une paire de baffes à Tania, va droit au Meisterbüro, appuie sur un bouton. Vingt secondes après, deux Werkschutz en uniforme gris se présentent. « Surveillez-moi ça. » Il décroche le téléphone intérieur, compose un numéro. Il sort du bureau, dit à Meister Kubbe : « Herr Müller arrive. » Herr Müller est là. Herr Müller écoute l'Obermeister lui résumer l'affaire. Impassible, il dit : « Dolmetscherin ! » Klavdia s'avance. « Dis aux femmes que je recevrai une délégation d'entre elles dans un quart d'heure, dans mon bureau. Six femmes. Les plus capables d'expliquer la chose. Je verrai ce que je peux faire. » Il tourne les talons. Klavdia traduit. Les filles se regardent, n'en croient pas leurs oreilles. Et voilà! La lutte paie. Elles choisissent posément les six porte-parole. Il y aura d'abord Tania, cela va de soi, et puis, pour donner du poids et du sérieux, deux vieilles d'au moins quarante ans : Nadiejda, l'institutrice, et Zoïa la grêlée, une responsable de kolkhose à la carrure de lutteur, au cœur de midinette. Et aussi Natacha, qui étudie pour devenir ingénieur, la grande Choura, la petite Choura. Et bon. Ça fait six. La délégation se rend donc chez Herr Müller. Tania marche en tête, portant à deux mains une portion- témoin de « Spinat ». En attendant leur retour, le travail reprend. L'équipe du matin veut rester dans la cour, mais les Werkschutz chassent les filles, elles sont ramenées aux baraques. Personne ne chante. Le temps passe. Et passe. Une inquiétude commence à me tournailler dans les tripes. Maria travaille sans un mot, lèvres serrées. Sept ou huit Werkschutz se dandinent dans les travées entre les machines, lancent des blagues aux filles, c'est interdit mais tout le monde connaît tout le monde, je suis sûr que même au bagne les matons déconnent avec les tau- lards, forcé. Plusieurs Werkschutz sont des accidentés du travail, ils ont des moignons par-ci par-là, alors ils sont devenus flics d'usine, coiffés par la sacro-sainte Gestapo, ils ne vont pas à la guerre, ils sont gras et roses. D'habitude, les filles se foutent gentiment de leurs gueules, leur disent qu'est-ce que tu fous là, grand con, va te faire finir sur le front, eh, avoue-le que tu l'as fait exprès de mettre ta main dans la machine, eh, dis, tu sais que ton Führer a dit qu'il va envoyer même les culs-de-jatte au front, dans un tank t'as pas besoin de jambes, alors toi qui en as encore une tu vas être nommé général, t'auras une belle casquette, tu courras à cloche-pied devant les tanks, tu crieras « En avant ! Vous pouvez y aller, y a pas de mines! »... Des vannes comme ça, quoi. Les gars répondent sur le même ton, pas gênés. Quand ils leur mettent la main au cul, les filles sautent en l'air comme dès brûlées, crachent « Oï ty, kholéra! », leur tapent sur la gueule à toute volée avec l'outil qu'elles ont en main, folles de rage, des vraies tigresses. Le Werkschutz esquive et se marre. C'est pudique, ces races ! Mais pas rancunier. Leurs colères ravageuses passent vite. Dix heures du soir. La relève arrive. La délégation n'est pas revenue. Les filles de la relève ne les ont pas vues non plus rentrer aux baraques. Je demande au Belge s'il sait quelque chose. Il fait une gueule lugubre. « Je crois qu'elles ont fait une belle connerie, hein. Tu penses bien que Müller ne va pas laisser passer ça comme ça. Oui, ben, où qu'elles sont ? Tu sais ou tu sais pas ? Comment veux-tu que je sache ? Ce que je peux te dire, c'est que j'ai eu le temps de voir Neunœil et Mùller se faire un signe de tête qui en disait long. Et je peux te dire encore quelque chose, c'est que toi et quelques autres vous feriez bien de faire attention, une fois, hein. Ils n'ont pas l'intention de vous laisser continuer comme ça. Non, mais qu'est-ce que tu te figures, hein ? » . Chacun des gars de la Mayenne a fait une caisse de fusées de plus qu'hier. Il y en a même un qui en a fait trois de plus! Les filles, concentrées sur leur attente, ont suivi le train, sans même y prendre garde. Je traduis tant bien que mal à Maria ce que le Belge m'a dit. Maria hausse les épaules. « Nié gavari nitchevo. Kassoï slichitt. » Ne dis rien. Le bigleux écoute. Le bigleux, ça ne peut être que mon voisin de la Mayenne, celui aux grosses lunettes. Anna pleure en silence. * Le vestiaire des Français du Quarante-six est un baraquement pourri, là-bas au fond de la cour, derrière le tas de charbon. On traîne la patte jusque-là. Je cause de tout ça avec Rebuffet. Je me monte. Je m'étais bien juré de fermer ma grande gueule, je suis sur la ligne de mire, mais ma grande gueule me prend en traître, voilà que je me retrouve planté devant ce gars de la Mayenne, ce gros gars à lunettes, que je lui barre le chemin et que je lui dis : « Mais qu'est-ce que vous avez dans le cul, toi et tes potes ? Vous êtes vraiment aussi cons que ça ? Vous êtes tous des volontaires, ou quoi ? » Le gars me regarde de ses yeux de lapin clignotant. C'est pas le causant de la troupe. Il me dit quand même : « Qué que ça peut ben te faire, d'abord ? Chez nous, la chaussure, y a que ça, et v’là maintenant que ça marche point : y a pus de cuir. Ici, tu travailles, t'es payé. Je suis là pour travailler, je fais mon travail. Je connais que ça, moi. Ceux qui y arrivent point, c'est rien que des feignants, ou alors ils ont point la force pour. » Cette couturière sur escarpins en chevreau qui vient traiter de feignant un maçon de la rue Sainte-Anne, non, mais, t'as vu ça, toi ? Avant que je sache moi-même ce que je vais faire, je lui ôte les lunettes de sur le nez, je les pose sur un fût de mazout qui traîne par là, je lui place une gauche sur le pif, pour tâter la distance, aussi sec la droite avec tout mon poids derrière, une-deux, il tombe sur le cul, le tas de charbon le reçoit à quarante-cinq degrés, ça fait qu'au lieu de s'allonger, il reste bien offert bien à ma poigne, je m'acharne dessus comme à l'entraînement, tout à fait à l'aise, un vrai sac de sable, ça fait boum et boum, tout mou dégueulasse. Ses copains m'arrachent à là fête, toute façon j'en avais marre, un mec qui' se défend pas ça te gâche la colère. Mais voilà que ces gros cons commencent à me taper dessus. Là, je deviens vraiment teigneux. Ils sont balaizes, ces paysans, mais lourds du cul. Des percherons de labour. Trop confiance en leur force. Moi, je suis maigre, un sac d'os avec un peu de fibreux collé dessus, t'en fais pas pour moi, je suis immobile, il y a quatre mois je tirais les poids moyens au Club Pugilistique Nogentais (normalement les mi-lourds, mais je suis à cinq kilos au-dessous de mon poids idéal, la kerre gross malhère, eh oui). C'est con d'être rogneux à ce point-là. On peut se casser une main comme une cacahouète. Taper à poings nus, et sans Velpeau, tu vois ça qu'au cinéma, jamais un boxeur fera une pareille connerie... Oui, bon, ils m'auraient haché, d'accord. Heureusement, je suis pas tout seul, dans cette vallée de larmes. Rebuffet,' Lachaize, le Rouquin et les autres Parisiens s'interposent entre la Mayenne et moi, allons, allons, vous n'allez pas vous battre entre Français, tout ça tout ça... On cause. Je dis : « Vous êtes des cons. » Bon début. Ça me donne le temps de trouver le vrai début. Et de reprendre mon souffle. « Muller nous le fait à l'estomac. On pouvait l'emmerder. Et maintenant, vous avez tout gâché. Vous avez fait la preuve qu'on peut les tenir, ses cadences de dingue. En se crevant à mort, mais on peut. Mieux que ça : vous faites la course entre vous! Complètement ravagés ! Mais, pauvres cons, vous êtes déjà sur les genoux ! Quand vous arriverez, à bout de souffle, à atteindre son putain de minimum, aussi sec il placera la barre plus haut. Vous y courrez toujours au'cul, au minimum! Ça vous passionne tant que ça, de fabriquer des obus? Vous voulez donc vraiment, je dis pas qu'ils gagnent la guerre, ils l'ont de toute façon dans le cul, mais qu'elle dure encore vingt ans ! Grâce à vous, Müller va se décrocher la Croix de Fer de première classe, celle bordée de choucroute d'argent avec saucisses en or! Mais engagez-vous dans la Waffen-S.S., tant que vous y êtes ! » Ah! voilà l'orateur de la bande. Un trapu, très brun, moustache noire, béret basque enfoncé bien à fond avec la petite queue droit en l'air. Il parle lourd, lent, inusable, incoinçable, le plouc instruit qui lit Le Pèlerin et qui explique la politique aux autres, qu'est même capable de subjonctiver de l'imparfait quand ça a affaire à de l'instituteur laïque. Ça aurait tâté du séminaire que j'en serais pas autrement surpris. Posément, sans haine et sans passion, il s'installe dans son truc à roulettes : « Faut regarder les choses en face, gars. Au pays, on a les femmes et les gosses. Faut que ça bouffe (Il dit « bouffe » pour se mettre à la portée des Parigots têtes de veau.) Si on atteint les cadences prévues, on touchera une paie convenable, ils l'ont promis. On enverra des mandats en France. Au cours du mark, ça vaut le coup. Nous, on a choisi de se crever le cul un sacré coup, ici, comme ça nos femmes boufferont et nos gosses aussi. » Il prend le temps de se passer la langue sur les lèvres, qu'il a épaisses, rouges et humides, avec tendance au dessèchement s'il reste plus de dix secondes sans les humecter. Je profite du trou : « Vos femmes, vos gosses ! Tu parles qu'ils crèvent la faim! Vous recevez chacun deux ou trois colis par semaine, des vraies malles, bourrées "de saucisse, de beurre salé, de lard, de fromage, de fayots, de bocaux de confit de canard, de pruneaux, de gnôle, et même de pain ! Vous n'avez jamais assez de cadenas pour enfermer tout ça. Vous entassez des montagnes de pain rassis moisi plein de mousse jusque sous vos paillasses. Je le sais : je vous le fauche. Vous vous bourrez comme des chancres, vous êtes gras à lard, vous faites la gueule devant le rata de la cantine (Tant mieux pour moi, je fais la tournée des restes, pas fier, je me goinfre tous les résidus de ces dégueulasses, j'ai faim, j'ai faim, jour et nuit, tout le temps. Je boufferais du savon! Mais du savon, y en a pas.) Vos vestiaires sont bourrés à péter de pots de rillettes faites à la maison, vous les laissez pourrir, ça schlingue la charogne, plutôt que d'en filer aux copains. Venez pas me parler de vos bonnes femmes affamées et de vos gniards pâlichons ! Tu parles, si elles vous envoient ça, c'est qu'elles ont le bide bien plein. Ils rotent gras, vos têtards faméliques! J'espère que vos grosses vaches se font tringler leur gros'cul rouge jusqu'à la gorge par les beaux grands Chleuhs aux queues d'acier, c'est ma consolation. Et qu'elles se soûleront la gueule au Champagne avec le fric de vos mandats de merde! » A mon tour de reprendre mon souffle. Béret basque veut se faufiler dans la coupure, il a l'air salement en rogne, mais je lui laisse pas le temps : « Enfin, les mecs, vous avez rien compris? C'est la guerre, merde! La guerre! Vous savez ce que ça veut dire? Et si vous étiez prisonniers, hein? Vous croyez qu'ils envoient leurs tites néconomies à leurs femmes pour qu'elles les mettent à la Caisse d'Epargne, les prisonniers? » C'est une question. Béret basque répond : « Les prisonniers, c'est des militaires. Les années de guerre comptent double pour la retraite. Et s'ils meurent, ils ont la mention « Mort pour la France » sur leur livret et leur femme touche une pension. » Toute la Mayenne opine gravement. Me voilà reparti. « Ecoutez. Moi, on m'a pris de force, on m'a jeté là, je suis au bagne, je crève de faim, je renâcle. Il n'y a que deux choses qui m'intéressent : ramener ma peau, ne tuer personne. Si possible. (Il y a bien une troisième chose, la plus importante, même, elle, s'appelle Maria, mais je sens que c'est pas le genre d'argument à sortir devant ce genre de gars.) Vous, vous faites votre beurre sur la guerre, votre petit beurre miteux, vous économisez sou à sou, obus à obus, de quoi acheter le lopin à côté de votre lopin. Et ces obus que vous fabriquez, peut-être bien que ça sera pas forcément sur ces Russkoffs qui vous font tellement horreur qu'ils tomberont. Peut-être bien que c'est des Français qui se les prendront sur la gueule, puisqu'il paraît que les Français sont de nouveau dans le coup, à ce qui se dit. Vous y avez pensé, à ça ? » Béret basque tente une sortie : « Le Maréchal... » Je l'écrase dans l'œuf. Je tiens une pêche du feu de Dieu. « Ouais ! Le Maréchal a dit... Monsieur le curé a dit... Vous êtes couverts. Et c'est vous les patriotes farouches, les soldats du Christ, les mecs à morale! Tiens, vous me faites chier, vous me faites dégueuler, vous crèverez le nez dans votre merde, avec une bonne conscience à triple menton et du bien au soleil. Et vous passerez à travers tout, les épurations, les règlements de compte. Vous êtes les finauds, les honnêtes gens, les salauds d'honnêtes gens. » Là, pour être franc, je sais plus trop où je vais, j'ai perdu le fil, je déconne littéraire. Au fond, qu'est-ce que j'en ai à foutre? Béret basque sent le flottement. Il récupère la tribune. « C'est facile de gueuler, quand on est un jeunot, qu'on a pas de famille à nourrir! Tu causes comme un communiste et comme un anarchiste. Y a rien de sacré pour toi, t'as que ta grande gueule et tes coups de poing. Tu crois à rien, ni à Dieu, ni à diable, ni à la patrie, ni à la famille, à rien de rien. T'es rien qu'une bête. Une bête nuisible. T'as une grosse tête pleine de livres, mais tu t'en sers mal. Y a rien de plus malsain. Depuis que t'es là, tu tires au cul, tu pousses les autres à mal faire. Tu crois que je te vois pas ? T'as pas gagné un rond, tu paies même pas ta pension, t'es un parasite, quoi. Un feignant. Un va-nu-pieds. » Là, je rigole. C'est pourtant vrai, ce qu'il dit ! Ils nous font payer une pension pour un coin de paillasse dans une baraque pourrie, la cuvette de soupe à l'eau et les trois livres de pain noir de la semaine ! Ils retiennent ça sur la paye. Moi, j'ai encore jamais touché de paye, parce que j'ai rien gagné, j'ai jamais atteint le seuil, je suis donc en dette envers la firme Graetz A.-G. et envers la Gross Deutschland. Je me demande si, quand ils auront perdu la guerre, ils vont me garder ici jusqu'à ce que je les aie remboursés ! Peut-être qu'ils ont le droit ? Quant à Maria, les « Ost » ne sont pas payés, même symboliquement. Juste nourris (aux Spinats) et le cul abondamment botté. Les Meisters violent les filles entre deux portes, au besoin à coups de poing sur la gueule, ce qui est un crime contre la Race, mais la parole d'une Russe contre la parole du Meister... Je pense à tout ça, je revois Alexandra, l'étudiante en médecine, celle qu'on appelle Sacha pour ne pas la confondre avec les Choura, qui sont déjà deux, sangloter sans bruit après que le Meister du Galvanik, un épouvantable sale con, crémier dans le civil, l'a eu forcée dans son bureau, quasiment au vu de tout le monde, pour améliorer son petit quatre heures. Je pense à ça, la rogne noire me mord au cul, me revoilà qui me prends pour Zorro. « Parfaitement, j'ai jamais gagné un rond à leur travail de merde, je me considère comme un déporté, comme un forçat, et j'ai qu'une idée : tirer au cul! Simplement parce que j'aime pas qu'on me force. Et puis j'aime pas les obus. Et puis j'aime pas la guerre. Et puis j'aime pas l'usine! Na. D'un autre côté, allez pas croire que j'ai l'intention de jouer les héros. J'emmerde les héros, les martyrs, les causes sublimes,, les dieux crucifiés et les soldats inconnus. Je suis rien qu'une bête, t'as raison, une pauvre bête traquée, j'ai l'intention d'essayer de survivre dans ce monde de dingues enragés qui passent leur vie a tout massacrer pour sauver la patrie, pour sauver la race, pour sauver le monde, pour assurer l'harmonie universelle. Ou pour gagner plus de fric que le voisin... Qu'ils crèvent dans leur pisse! Ils auront pas ma peau. Ni celle de ceux que j'aime. Et merde. » Je suis-pas un peu con de brailler ça comme ça, à tout va, devant ces gueules fermées de paysans butés qui me regardent piquer ma crise en ricanant? Fais-le, mon pote, mais le dis pas. Faufile-toi, mais va pas clamer sur les toits que tu te faufiles... Bon. C'est ces peignecul de fayots qui m'ont foutu en rogne, aussi. C'est déjà passé. Ça va devenir marrant, la vie, au Quarante-six ! Et dans huit jours, Millier, il nous fera pas de cadeau... Quand je pense aux filles, à leur coup de la grève des Spinats... Au fait, les six, qu'est-ce qu'elles sont devenues ? Le lendemain, j'apprends que seules les deux Choura sont rentrées au camp. La gueule en sang. Des bleus partout. Secouées de sanglots. On les a ramenées aux baraques pour que les autres se rendent compte. Rien de tel que l'exemple. Les quatre autres ont été embarquées. On ne les reverra plus.

 

EH OUI ! Vous avez bien lu ! Ceux décrits par Cavanna doivent aujourd’hui avoir leur tombe dans quelque cimetière où ils côtoieront leurs compatriotes dont la résistance fut héroïque après le ….6 juin 44..

Mais poursuivant mes pérégrinations googuelienne, je suis tombé sur cette photo

Courcite

Le club des jeunes de Courcité…..

Courcité est pourtant une  des perles bocagères du trou du cul de la Mayenne qui va Désertines à Vimarcé en faisant une pose caca au Horps….C’est la version cycliste…

Et pourtant, d’un seul coup, une lueur dans le ciel gris : Regardez les bien !!!!

Que le sombre pitre payé sur deniers publics qui a commis cette pitoyable photo pour l’attractivité de la Mayenne avec le Préfet ( non pas Papon quand même!) et l’évêque (estampillé non pédophile) ouvre les yeux !

Ben oui, le miracle est arrivé : ces gamins ne pourraient pas être les bœufs décrits par Cavanna ; les filles font penser à Maria et Choura et les garçons auraient peut être offert à Meister Kubbe la couverture de Hara Kiri signée Reiser dans laquelle l’âne enfile le bœuf en dépit des protestations du petit Jesus !

Merci aux gamins de Courcité d’avoir, sans le savoir, contribué à effacer la honte !

Enfin…….dites moi que je ne rêve pas….