le retour de la part maudite

                                                            LE RETOUR DE LA PART MAUDITE

 

 

 

En 1949, Georges Bataille , s’inspirant des travaux de Marcel Mauss sur le Potlatch , pratique de tribus indiennes considérée comme la forme primitive de l’échange, écrivait la Part Maudite.

Bataille soutenait, pour faire simple, que nos sociétés tendaient périodiquement à sacrifier une part de la richesse produite et que , par conséquent , les comportements économiques n’étaient pas réductibles à la théorie économique classique.

 

Ce que nous voyons aujourd’hui illustre étonnement cette théorie.

 

La théorie économique classique décrit le développement de la production comme le résultat d’une combinaison, par l’entrepreneur, de facteurs de production ( capital, travail, ressources naturelles) dans un contexte qui est le plus souvent celui de rendements décroissants. Ainsi , celui ci n’embauchera-t-il un travailleur supplémentaire que si la productivité marginale de ce dernier est supérieure au salaire qu’il lui verse. En ce sens, l’univers de l’entrepreneur est bien économique au sens strict en ce sens qu’il vise à économiser des moyens pour produire le plus d’enrichissement possible.

 

Or de même que les lois de la mécanique classique ne sont plus vérifiées dans l’univers de la mécanique quantique, on peut dire qu’au fur et à mesure que se développement les entreprises mais aussi l’organisation sociale, apparaît, à côté de la sphère économique un autre univers , qui cohabite avec la première mais obéit à des règles diamétralement contraires.

Dans cet autre monde , la rémunération est totalement déconnectée de la productivité et de la performance. On ne fera croire en effet à personne que les rémunérations des dirigeants sont le reflet de leur productivité. Et encore moins pour les parachutes dorés quand ils laissent une entreprise en déconfiture.

De la même manière , on fait appel aux services de consultants mais il n’y a guère de liens entre les conseils qu’ils apportent et les retombées pour l’organisation conseillée. En revanche , on peut s’interroger sur la rationalité économique qui conduit à verser plusieurs années, voire plusieurs dizaines d’années d’un SMIC à des bureaux d’études dont la seule production tient d’une bouillie pour les chats fût elle intellectualisée .

Que dire ,de même des dépenses de communication, de publicité qui ont explosé les dernières années si ce n’est que ces services permettent surtout d’embaucher les copains, les copines et les maîtresses. On retrouve les propos de Soral sur ces « travailleurs » parasites qui festoient sur le dos de l’économie productive.

 

Il reste la question du pourquoi et c’est là que l’on retrouve le Potlatch. Le voile de la rationalité économique est brutalement arraché pour laisser apparaître la véritable motivation qui anime les maîtres de ces organisations : le Pouvoir , son organisation et sa reconnaissance.

Comme le Roi Soleil dans son palais à Versailles, entouré de courtisans qui célèbrent sa grandeur et sa gloire en se goinfrant sur le dos du bon peuple , les maîtres ont besoin d’affirmer leur puissance et de la faire reconnaître à l’extérieur. A l’époque de Louis XIV , Monsieur Jourdain rémunère un tas de charlatans , censés tantôt lui apprendre à prononcer le « U », tantôt lui organiser des spectacles. Aujourd’hui, pour ne pas être le Marcel Beranger des Transports Beranger et fils, il faut savoir s’entourer de ceux qui sont censés détenir les clés de la modernité et de la grâce sociale. On rejoint Bourdieu : on convertit du capital économique en capital social, le taux de change fût il prohibitif.

 

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si ce phénomène prolifère plus dans les structures administratives que dans les petites entreprises. Plus la pression de la concurrence est forte , moins il y a de place pour les dépenses ostentatoires. Dès lors que l’entreprise bénéficie d’une tente liée à la maîtrise d’une technologie ou à une situation de monopole, on peut commencer à prélever la part maudite ( voir la politique de communication d’EDF ou de Gaz de France).Quand l’argent vient du contribuable et que rien ne menace son arrivée en même temps que la banqueroute fait partie des évènements impossibles alors on peut s’en donner à cœur joie. A la fin des années 80, le gouvernement a ainsi financé des consultants pour expliquer aux cadres comment produire la qualité avec des arêtes de poisson (cercles de qualité) . Chaque journée était facturée l’équivalent de deux Smics mensuels , tout cela pour bégayer des banalités qui n’ont jamais produit le moindre résultat. Ne parlons pas des colloques et séminaires organisés par le cabinet machin qui permettent au fonctionnaire de tuer le temps en se cultivant.

 

On atteint effectivement le fond de la farce : Dans la sphère de l’économie productive l’Etat ou le patronat prennent un visage sévère et tourmenté pour annoncer que les rémunérations seront augmentées de quelques euros et que ceci est l’effort maximal qui peut être consenti au nom de la compétitivité .

Dans la sphère de la part maudite l’unité de compte c’est la centaine de milliers d’euros et on ne va quand même pas chipoter sur les centaines !

 

Le plus étonnant est l’accélération que connaît le phénomène de nos jours.

 

L’obligation de produire au meilleur coût s’applique de manière de plus en plus en plus drastique . D’abord dans le monde de l’entreprise où la mondialisation menace la compétitivité. Quand la pression sur les salaires ne suffit pas, on délocalise . Mais l’ensemble de la vie sociale est pris dans ce maelstroem : il faut économiser l’énergie qui est rare ; il faut éviter de manger gras sucré pour ne pas coûter à la sécurité sociale .Il faut être attentif à son bilan carbone. Le monde qui nous entoure est devenu une vaste maison de redressement.

 

Dans le même temps, cependant, on détruit ce qui reste de l’appareil productif à coup de réglementations . Quand la Chine ouvre une centrale à charbon par jour , la Commission européenne édicte des normes qui devraient permettre à l’économie de mourir guérie de toute atteinte à l’environnement. On couvre le pays d’éoliennes aussi hideuses qu’inutiles alors même que la thèse du réchauffement climatique du aux activités humaines commence à prendre l’eau et que l’on peut même douter de la réalité du réchauffement ;( en tout cas si on réussit à échapper à la censure des lobbies verts.).

 

Tout se passe comme si ce monde (L’Europe) se sentant coupable de n’avoir pas, depuis 60 ans gaspillé sa part maudite dans une guerre , se repliait sur une version pacifique de l’anéantissement de l’économie. Et si l’on cherche à qui profite le caractère ostentatoire de la dépense il n’y a pas à chercher loin. Lisez ce qu’écrivent nos élites et écoutez ce qu’ils disent ! Al Gore fait la morale mais parcourt la planète en jet chaque jour que Dieu fait.

 

Le WWF (Fond mondial pour la nature)propose ( voir site http://skyfal.free.fr/) , pour une participation modique de 64 950 euros en chambre double avec un supplément single de 3100 euros –boissons non comprises un tour du monde de 25 jours en jet privé et en 12 étapes d’Orlando à Londres en passant Borneo, Kathmandu et Madagascar. Environ 6 années de SMIC pour un périple où l’on pourra admirer les fesses de Gaia vues du ciel mais pendant lequel il n’y a aucun risque d’être incommodé par la populace qui s’entasse dans les embouteillages. On peut souhaiter que Yann Arthus Bertrand soit du voyage et qu’Evelyne Dehliat en fasse, après coup, une présentation . Celle ci sera clôturée par son petit geste pour la planète qui consistera à préciser que tout cela est à consommer avec modération. La morgue des écolos de luxe le dispute à la bêtise journalistique On n’est pas loin du bas Empire !!! Il ne manque aux crétins que les lions !

 

Mais revenons à la part maudite dont le sacrifice ses faisait habituellement dans la guerre. Un certain nombre de pays , dont au premier chef ceux du continent européen et le Japon n'ont connu aucun conflit depuis plus de 60 ans.

Il est significatif que ces pays soient les plus en pointe pour détruire la richesse sur l'autel du combat environnemental.

 

 

Il est , de même,symptomatique que les instruments de régulation économique mis aux points depuis des décennies soient dévoyés pour éviter qu'ils ne puissent être utilisés à des fins de production de richesse. Est on confronté à une crise énergétique que l'on développe l'énergie éolienne , laquelle est , sur le plan de l'efficacité à l'image de ce qu'elle utilise: du vent. La gestion des déchets est encore plus démonstrative puisque pour traiter une tonne de déchet on peut dépenser plusieurs fois plus le prix d'une tonne de blé ou de pommes de terre alors même que les produits issus du recyclage sont parfaitement inutiles du point de vue de la rationalité économique.

Comme dans le cas précédent, il s'agit bien de détourner l'effort productif pour détruire de la richesse ou éviter d'en produire.

 

 

Mais le plus emblématique est sans nul doute cette adhésion à une idéologie fumeuse qui a désigné comme ennemi commun le carbone lequel est la composante fondamentale du corps humain. Faute de pouvoir détruire des hommes par la guerre, on s'en prend donc au fondement même de ce qui fait l'humanité. Il suffit d'ailleurs pour s'en convaincre d'évoquer cette littérature qui désigne l' Homme comme l'ennemi ( « Faire des enfants tue ») . Alors que les auteurs devraient être poursuivis pour crime contre l'Humanité, ils font l'objet d'une étonnante mansuétude de la part des media!

 

La morgue avec laquelle les écologistes de luxe entendent imposer leur morale à ce qui n'est pour eux qu'une populace crasseuse qui ne devrait pas essuyer ses pieds sur le tapis vert de Gaia parce que cela gêne leurs agapes trouve en réplique la bêtise d'une gauche qui a perdu tout repère en oubliant que le Grenelle de l'Environnement n'est pas vraiment compatible avec la défense du pouvoir d'achat des travailleurs. Oui vraiment, ce monde est malade

 

MK