ATTALI : LE MADOFF DE L'ECRITURE

 

Voyantali

 

 

 

                  

                                                                    

 

 

                                                                          

 

       Je tenais Attali pour un escroc de haut vol, au surplus arrogant et prétentieux et apte, comme tous les courtisans à manger à tous les râteliers sans être jamais importuné par l’odeur de la gamelle !

  Quoi de plus cruel pour de tels grands esprits, que de se replonger dans ce qu’ils ont pu dire ou écrire quelques décennies plus tôt.

 Je  me suis souvenu qu’Attali avait écrit, dans la foulée de l’Antiéconomique, de Bruits et autres discours d’ivrogne un bouquin intitulé « Les Trois Mondes » ! Titre alléchant : Giscard voyait toujours trois raisons et il y a les trois petits cochons !

J’avais acheté, à l’époque, ce torche-cul pour 69 francs : 10 euros d’aujourd’hui ! Pas certain que je pourrais le télécharger sur un quelconque torrent ! Encore moins sûr que je pourrais le liquider dans un vide-grenier.

Mais nous sommes en 1981 et, en 1981, on est prêt à prendre un sac à merde pour un panier de truffes ! Ai-je lu le bouquin sérieusement ? Je confesse ne plus m’en souvenir mais je lui ai donné  l’absolution comme un curé le ferait sur un passage un peu chiant de l’évangile.

Je l’ai parcouru ces jours derniers ! Je dis bien parcouru comme on peut parcourir un champ rempli de bouses en essayant d’en sortir au plus vite pour ne pas abimer ses grolles ! Presque 40 ans plus tard, et dans ce pauvre pays qu’est devenu la France où Marianne a vendu son cul aux pires bouffons, on ne s’étonne évidemment pas qu’il ait trouvé un éditeur, ni…des acheteurs.

D’ailleurs, je ne sais quel « nègre » a pu écrire au dos « Au terme de ce parcours éblouissant des rites magiques aux empires, du potlatch au nucléaire, des sacrifices aux ordinateurs, de Bruges à Tokyo , le choix entre la solitude et la création, le suicide et la séduction «  (sic)

Jean –Pierre Coffe ou Paul Bocuse auraient sans-doute rêvé d’une telle épitaphe ! Las, ils n’auraient jamais réussi à faire un met convenable avec des ingrédients aussi surprenants qu’hétéroclites ! Magie du langage qui fait qu’on peut parler pour ne rien dire et c’est le cas de notre Attali.

La technique Attali est pourtant simple et peut de « lire » comme une recette de cuisine

  1. Le choix des ingrédients :

On trouve une certaine continuité entre l’Anti économique et ce chef d’œuvre.

Les ingrédients de base consistent à « convoquer à la barre » toute une série de gourous, si possible pris à toutes les époques et sur tous les continents.

Attali cite souvent Lao Tseu mais uniquement en exergue ce qui est un exercice courant : on ne sait pas de quoi parle Lao Tseu et on peut donc écrire n’importe quoi : il ne vous contredira pas et personne ne risque de vous contredire. Ainsi le chapitre 8 commence par cette citation : » La voie est comme un bol vide que nul usage ne comble » et le seul apport de Lao Tseu est de donner son titre au chapitre : « la voie et le bol vide ». Exit Lao Tseu mais il aura au moins eu une vertu : le chapitre est un vide abyssal dont on se demande quel usage il peut avoir !

Pure figure rhétorique crieront les défenseurs de l’illustre Maître Jacques ! Passons donc à la suite : il y a les incontournables : Marx parce que, de même qu’on ne saurait concevoir une messe sans parler de Dieu, on ne saurait oublier Marx au moment où la gauche voit enfin arriver au pouvoir quelqu’un à qui Pétain décerna la Francisque !

Tous les archevêques de l’économie suivent : Keynes bien sûr et puisqu’il y a Keynes il y a Hayek comme dans les sketchs des Frères ennemis.

Peste soit de l’avarice, Attali n’a pas oublié les évêques des quartiers pauvres ! A l’époque, l’un des plus en vue est un certain Samir Amin , sorte de maoïste qui devaient faire mouiller les jeunes filles auxquelles leur engagement dans la longue marche avait permis d’échapper à l’exploitation capitaliste expression du pouvoir mâle. Je n’ai pas vu Badiou mais c’est sans doute le fait de mon inattention. Aglietta qui est le préposé au service du courrier de l’enseignement naissant des sciences économiques et sociales , grand gourou d’Alternatives économiques est aussi invité mais notre auteur ne lésine pas sur les tenants des anticipations rationnelles ! Caviar et champagne pour tout le monde !

La fête serait incomplète si la sociologie, l’ethnologie voire Freud ou Jung n’étaient pas invités. A l’époque, la mode est au Potlatch et à Marcel Mauss. Le pâté d’alouettes est, on le sait composé d’un cheval et d’une alouette ! Mauss jouera le rôle du cheval en compagnie de ses amis inséparables et notamment René Girard qui fait fureur.

Avec le recul, il est amusant de constater que le « cheval d’orgueil » est plutôt un cheval escroc si on en juge par ce qui suivra. C’est un temps bénit où l’on peut parler aux élèves des Arapeshs, peupledoux qui ne connait pas la séparation des rôles entre sexe, fort bien décrit par Margaret Mead qui n’a ….jamais mis les pieds chez eux ! Quel beau métier que celui d’ethnologue en chambrerecevant le prix de reporters sans frontières ! Plus tard Onfray va massacrer Freud dans « Crépuscule d’une idole » mettant à nu un bouffon menteur qui n’a jamais guéri personne au grand dam de la gauche bien pensante pour qui toute pathologie ne peut tenir qu’à l’acquis Un peu plus tard, René Pommier écrit « Sigmund est fou et Freud a tout faux » (pour lequel il recevra un prix de l’académie des sciences morales et politiques) et exécute René Girard » « Un allumé qui se prend pour un phare »  http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1629.

Ce n’est même plus le crépuscule des dieux mais « massacre à la tronçonneuse » ! Pas grave car Attali n’est pas au Walhalla, son œuvre grandiose est simplement recouverte de la poussière de l’oubli ! I comme Icare, E comme Egare !

Ah évidemment si Maître Jacques avait vu lecoup venir, il aurait, comme dans l’Avare, troqué son costume ! Trop tard mais avec Attali, il n’est jamais trop tard ! L’oubli est passé par la, il est allé vendre sa salade ailleurs

A côté de l’ingrédient principal en figurent deux autres :

L’Histoire, incontournable, sans doute écrite par quelque nègre qui nous explique comment dériva le Monde, de Bruges au Pacifique en passant par Anvers,Venise et New York !

Mais surtout, indispensables chez Attali, les mathématiques. Ce qui se justifiait éventuellement dans l’Anti-économique devient ci incongru. Quel intérêt de développer de longues équations, que personne ne doit comprendre (c’est d’ailleurs l’objectif : les mathématiques sont à l’égard du lecteur ce que le port de l’épée par le marquis est au port du bâton par le gueux sans-dents de l’époque) et dont on se demande ce qu’elles sont censées démontrer. On l’aura compris, la mathématique, c’est ce qui vient frapper définitivement du sceau du sérieux la prose attalienne. La chose ferait sans doute s’esclaffer un Mickael Launay, qui dans « le Grand roman des mathématiques » explique que les maths peuvent être simples et passionnantes ! Ce n’est pas le but d’Attali ! Les maths c’est ce qui sépare Bocuse du petit marquis de la tambouille qui fait péniblement son cassoulet au « Rendez-vous des chasseurs » place de l’Eglise à Montcuq !

Les ingrédients sont sur la table, passons à la recette !

2 LA RECETTE

C’est la que tout confine au grandiose. Attali a compris une chose, c’est que la meilleure manière de ne pas être contredit c’est…de ne pas être compris. C’est une chose qui arrive, au centre d’aide par le travail ou dans les collèges du 9.3 ou encore sur les forums de Louseur ou d’Atlantico qui attirent de véritables talents.

Mais celui d’Attali est inégalé car inégalable !

On a déjà du mal à comprendre son interprétation de René Girard qu’il a du faire lire par un nègre. Il a vaguement compris le caractère triangulaire du désir. Il n’est pas certain que la notion de médiation, développée de manière intéressante dans « Mensonge romantique et vérité romanesque «  soit vraiment saisie mais on n’est pas la pour débattre avec le maître : il a trouvé chez Girard (il a du s’arrêter à la lecture du titre) ce qui lui fallait : la violence ! (le cadré pointe son nez quand ilfaut rajouter du sel).

La violence devient donc, dans le discours attalien ce que peut être la gomme xanthane en cuisine : elle permet de tout lier et relier, quelque soit la préparation, les ingrédients le temps de cuisson ou la température du four !

Jugeons sur pièce :

Page 175 : « Produire des objets, c’est produire de la vie, qui doit tout de suite être nommée, cataloguée, différenciée. Consommer un objet c’est en recevoir les forces, c’est en assimiler la violence contenue et, en même temps, exercer sa propre violence en tuant l’objet en lutte, pour réussir une ascension sociale. Echanger des objets, c’est faire circuler de la violence potentielle et égaliser les hommes, supprimer les différences : ce qui est formidablement dangereux «  Ouf !!!

Que Jojo, ivre mort au comptoir du café du commerce tienne un tel discours soit…mais…descendons sur terre ou sortonsdu verre ! Mettons nous à la place de l’objet et imaginons que ce soit un carambar ! On voit bien comment en essayant de « tuer l’objet en lutte » on peut se décoller une couronne (le carambar est l’eldorado des dentistes). A moins d’imaginer qu’en échangeant le carambar avec son copain contre un chewing gum, on fait circuler la violence car le carambar est un objet dangereux ! Non ! OK ! On n’a pas compris, on est trop con !

« Le rituel de l’échange est le rituel majeur de la neutralisation de la violence…et que l’échange et la violence soient si souvent réversibles lorsque les rituels de l’échange ne fonctionnent pas parfaitement. Je les nommerai rituels de passage.

Leur forme explique leur fonction. Isolement quant à l’espace, le bruit, le temps, la langue l’acteur. Tout d’abord, ils ont souvent lieu dans un endroit où les échangistes ne se rencontrent pas sont même censés ne pas être vus. L’échange réel n’a lieu qu’après accord tacitement réalisé hors de la rencontre des échangistes. Après l’échange, le lieu de l’échange conserve toute la violence sont on a évité le transfert. La présence simultanée des échangistes est considérée comme extrêmement dangereuse pour l’ordre social, qu’il s’agisse d’échanges internes ou externes » (sic) p180-181

Je ne sais plus dans quel bouquin, un « nègre » avait dissimulé un message expliquant que c’était lui qui avait écrit la chose. Ici, on a l’impression que le « nègre » se marre ! Il décrit une boite à partouze où une offre de galipettes aurait mal tourné ! C’est le seul lieu où (avec la complicité du vocabulaire utilisé tout ce galimatias peut avoir un sens !

Attali adore aussi utiliser des termes déjà polysémiques auxquels il doit donner un sens supplémentaire qu’il se garde bien de révéler au lecteur abruti : ainsi en va-t-il du terme avatar.

Il y a un avatar masculin puis arrive un avatar féminin ! N’allez pas chercher bien loin, l’avatar masculin c’est quand le monde se met à produire des voitures et l’avatar féminin quand il produit des machines à laver. Une telle présentation témoigne évidemment du caractère abyssal de mon ignorance et de mon incapacité à comprendre la langue du maître ! Et pour bien en convaincre le lecteur, voila que, dans les dernières pages, il donne lieu à l’avatar onaniste ! La encore on ne peut écarter le pied-de-nez du nègre de service : vous n’aviez pas compris, vous êtes des branleurs !

Page 289 III : l’avatar onaniste :

« Les nouveaux objets de l’ordre sont des miroirs de jouissance individuelle. Ils recréent, jusqu’à l’extrême, la forme du corps. Automobiles, machines à laver, machines du corps (sic !!! les dentiers peut être ! NDLR) se mettent à parler, à donner des ordres, à fournir des normes en une langue artificielle qui s’impose à chacun de nous. S’achèvent la dé ritualisation, la traduction de la langue des rites dans celle des objets, se démontre la capacité des objets à produire la langue. Le triangle primitif se réduit à un point et le désir devient, avec la disparition de l’autre miroir d’une étrange sexualité. Chaque objet incorpore ses propres normes, investis de son acheteur qui se désire lui-même : le désir de l’objet devient désir de soi, masturbation, onanisme »

A quoi un tel galimatias peut-il être comparé ? On penserait évidemment aux « cadavres exquis des surréalistes » mais la, le « nègre « est seul ou son maître est bourré ! Tout cela est plus proche de ce que l’onvoit se développer dans ces années post-soixanthuitardes : une novlangue qui est le plus souvent le fait d’écrivaines autoproclamées, de pauvres filles n’ayant rien à dire et se mettant à..écrire en pensant que l’écriture c’est…aligner des mots. De l’onanisme effectivement qui ne sera pas satisfaisant puisque quelques années plus tard, les mêmes pour faire parler d’elles devront inventer qu’elles ont été victimes d’un violeur ou d’un pervers suffisamment connu pour que les merdias puissent se pencher sur leur crotte ! Pitoyable !

3LE PLAT

Et il reste le plus beau car il est évidemment difficile d’écrire 300 pages sans démontrer à ses lecteurs que sortis de la lecture, ils seront moins idiots puisque l’auteur leur aura donné des clés pour la compréhension du monde.

Quand il n’est pas bourré, c’est-à-dire quand il devient compréhensible, que nous raconte Attali ?

Il faut bien chercher car le fourbe sait qu’il l’est et reste chiche sur ce qui pourrait le mettre en difficulté

Il nous raconte ainsi que les dépenses de santé ont triplé mais que l’espérance de vie stagne (sic) et que la moitié des américains ne savent ni lire ni écrire à onze ans !

Il explique aussi que dans 60 pays «  les calories disponibles par jour et par habitant atteignent un seuil inférieur au niveau minimum de survie » que » ce recul se traduit par la mort annuelle de 5 millions d’enfants par sept maladies liées à la famineet que 13 millions meurent pour d’autres raisons alors qu’ils survivraient s’ils étaient nés dans le monde industrialisé »

Le problème majeur est que, à l’époque, ces chiffres sont déjà probablement faux car issus de statistiques onusiennes manipulées par les gouvernements locaux ou par les ONG ! Il en ira de même du SIDA qui devait tuer au moins la moitié de la population africaine ! Les bateaux chargés de réfugiés qui prennent d’assaut aujourd’hui les côtes européennes doivent être des ….morts vivants ! Quand dans la liste des 60 pays cités figurent la Thaïlande, l’Inde, l’Angola, le Mozambique, l’Ethiopie et que l’on connait les taux de croissance de leurs économies dans les dernières décennies, on se dit que le ridicule ne tue pas !

Ajoutons y d’autres prédictions apocalyptiques : « Londres, Paris, Mexico, Algerseront en proie à des agitations, à des violences » !!! Les deux premières peut être mais…. Pas pour les raisons qu’il évoque mais à cause du terrorisme islamique d’ailleurs financé par la rente pétrolière !

Pour le reste, Attali, n’a rien vu venir : il ratiocine sur le magnétoscope qui remplace le magnétophone et suivent des délires sur les transformations que va apporter le premier ! Attali qui voit l’Amérique connaître un inéluctable déclin (comme toute la gauche caviar de l’époque qui voit en Reagan l’incarnation de Satan) n’a pasvula Silicon Valley et n’a vu venir ni la révolution informatique, ni Google, ni internet, ni Microsoft, ni Twitter ! Son champ de vision n’excède pas les six mois qui suivent !

Mais le plus beau est pour la fin ! Le dragon magique est le Japon, qu’il a quand même la décence de ne pas nous décrire comme un pays de « fourmis bleues » à l’instar de Cresson 12 ans plus tard. Ce passage vaut son pesant de cacahuètes : «  Le japonais est aussi une langue du complexe. Certes, elle n’a su maîtriser ni la mécanique, ni la thermodynamique, ni l’information binaire, mais elle est aujourd’hui parfaitement adaptée à la compréhension des formes de la complexité : la voyelle s’entend comme un bruit dans l’idéogramme, un bruit qui y crée de l’ordre » (sic)

Et d’ailleurs, car c’est la plus beau (page 291) L’ordre marchand est centré autour du Japon et du Pacifique…., les Etats unis perdent leur suprématie, l’Europe  de l’Ouest  et sans doute quelques autres pays comme le Mexique et le Nigéria ( ? NDLR)… constituent le milieu.

Tout le reste est périphérie, y compris la Chine … et le fossé alimentaire ne cesse de se creuser «  ( !!!!!!!!!!!!!!!!)

On reste coït devant les talents visionnaires de Maître Jacques !

ITE MISSA EST !

               Sabbatali

 

 

 

 

MARTIN KELENBORN