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OFFRE ET DEMANDE DE TRAVAIL
LA FRANCE ETERNELLE
II OFFRE ET DEMANDE DE TRAVAIL
Il convient maintenant de revenir à quelque chose d'économiquement plus classique.
Commençons par l’offre de travail. On passera sur les chômeurs, fainéants qui dissimulent qu'ils le sont, qui comme les étrangers venant faire le boulot dont les français ne veulent pas, bref, les clichés et les bottes de foin propres à rassasier les beaufs à gauche comme à droite.
Il n'est pas besoin de faire appel au sociologue de service non plus et encore moins de le payer. Il suffit donc de regarder certains chiffres qui parlent d'eux-mêmes.
Le tableau ci-dessous a été publié via Facebook, son auteur assurant qu'il a été construit sur la base des données figurant sur les sites gouvernementaux
Il compare la situation de deux familles de 5 personnes, deux adultes et trois enfants. Dans la première, un des adultes travaille et gagne le SMIC, dans la seconde les deux adultes sont répertoriés comme chômeurs et sont titulaires du RSA.
Il en résulte clairement qu'une fois que l'on a pris en compte les aides sociales, il vaut largement mieux être dans le second cas. En effet, il reste pour les dépenses courantes 1113 euros par mois au second ménage, presque moitié moins pour le premier soit 614 euros. Moralité, comme disait Coluche « soit fainéant, mon fils, soit fainéant »
Le document a causé beaucoup d'émoi sur la toile entre les dénonciateurs des fainéants et les défenseurs des « salauds de pauvres » Certains ont mis en doute le sérieux du document et son auteur a admis sa provocation. C'était, comme on dit quand on est branché un « Hoaks »
Mais on n'allait pas en rester là : il fallait laver l'affront et c'est un chevalier blanc, un spécialiste incontournable, le géniteur du RSA, Martin Hirsch en personne qui a rendu la justice sur Rue 89, une des cuisines du Monde
L'infâme supercherie a donc été dénoncée. L'auteur donne dans les deux colonnes grises les raisons de ses corrections. Justice est faite, il reste 1112 euros par mois à la famille smicarde, seulement 959 euros à la famille RSA !
Des esprits chagrins noteront qu'au regard de ce qui doit rester à Carlos Gosn, voire même à Tapie ou Cahuzac, il vaut mieux être PDG ou accessoirement escroc, éventuellement les deux si on a trois gosses à élever ! Il faut même espérer qu'à l'aide de madame Vallaud-Belkacem, les études se termineront quand les dits gosses auront maîtrisé la technique du tri sélectif et la théorie du genre.
Fallait-il que Martin Hirsch, conseiller d'Etat, mais travaillant ailleurs se fende d'un correctif au contenu sans doute insoupçonnable mais pas très glorieux pour son action passée.
En clair vaut-il le coup de travailler 35 heures par semaine et donc près de 150 heures par mois, de passer un temps interminable dans les transports, sans oublier de récupérer , le cas échéant, un des rejetons chez la nounou, tout cela pour 150 euros par mois !
Autant rester les doigts de pied en éventail, ou, mieux encore, quand on n'est pas trop bête de ses mains faire un peu de travail au noir !
Bien sûr, le RSA, c'est un peu short pour partir au club Med cet été et même pour profiter pleinement des prix massacrés que vous proposent Carrefour ou Leroy-Merlin, mais les collectivités hurlent à plein poumon ! Comment embaucher le fils machin ou la maîtresse de truc, en plus de Zoe Shepard et payer en même temps le RSA si on ne veut pas se faire massacrer dans les urnes ?
Quant au SMIC ce n’est pas beaucoup mieux, mais comme dit Macron aux employées d'une usine bretonne, estimez-vous heureuses de gagner cela alors que vous êtes illettrées ! Pour le costard à 1200 balles ben … tentez « questions pour un champion ou jouez au loto !!! Et puis arrêtez de fumer car Cucufine va frapper au porte -monnaie !
Et voilà pourquoi votre fille est chauve !!!
Même si cela doit faire hurler quelques bonnes âmes, toujours les mêmes d'ailleurs et généralement celles qui n'ont rien à redouter du chômage non en raison de leur compétence ou de leur valeur ajoutée voire même de leur utilité sociale mais parce qu'elles sont situées dans cette partie de la grande bergerie, où il y a du foin, où il ne fait pas froid et où nichent les chiens qui feront fuir les loups !
A combien peut-on évaluer ce chômage choisi ? Autant il est facile de dénoncer les fainéants ou à l'inverse de défendre des malheureux contre les stigmatisations diverses et variées dont ils sont les victimes, autant il n'existe pas de conclusions irréfutables sur cette importante question, sans doute parce qu'elle est politique avant d'être économique mais il est vrai que l'on enseigne l'économie politique sans que ce soit moins politique que d'enseigner l'économétrie !
Ce qui pose problème, on l'a compris j'espère, n'est pas le principe des aides sociales (on y reviendra) mais l'écart de revenus somme toute faible entre celui qui est assez bête pour travailler alors qu'il pourrait passer du bon temps ailleurs !
Il faut d'ailleurs reconnaître à Martin Hirsch le mérite d'avoir tenté de résoudre les problèmes liés au RMI qui ne comportait guère d'incitation à l'insertion. Le RSA fonctionne-t-il mieux, c'est une autre histoire !
Mais là encore voyons ce qui s'est passé outre Rhin.
On trouvera ici un lien sur un article de Wikipedia ainsi qu'un autre de la direction du Trésor décrivant correctement ce que l'on a appelé les lois Harz
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9formes_Hartz
https://www.tresor.economie.gouv.fr/File/382976
De ce qui s'est passé en Allemagne et notamment de la division par 2,5 du taux de chômage on retiendra deux choses :
Les lois Harz ont d'abord diminué sensiblement la durée et le taux d'indemnisation des chômeurs. La durée est passée de 26 mois à 12 mois pour les moins de 55 ans, de 32 à 18 mois pour les plus de 55 ans
Elles ont, par ailleurs, favorisé la multiplication des petits boulots, souvent à temps partiels et mal rémunérés Selon Wikipédia, on estime à 7,3 millions le nombre de mini-jobber et 4,8 celui de ceux qui n'ont qu'un mini-job pour vivre.
Comme on l’a vu auparavant, tout cela est loin d’expliquer le faible chômage allemand et la facture adressée par les électeurs aux socio-démocrates est loin d’être payée.
S'agissant maintenant de la demande de travail, on insiste parfois sur le fait que nombre d'offres ne trouvent pas preneur, ce qui alimente évidement les courtes vues sur le chômeur paresseux, mais met aussi en évidence et plus sérieusement, le fait qu'il y aurait inadéquation entre ce que recherchent les employeurs et ce que veulent ou peuvent offrir les demandeurs d'emploi.
C'est une question importante : qui ne fait que mettre en évidence le président de la République lorsqu'il évoque 170 000 jeunes qui quitteraient l'école sans qualification, oubliant au passage que l'action de sa ministre, après d'ailleurs bien d'autres ne peut qu'accentuer les difficultés. Quand on sait qu'une génération fait en gros 800 000 personnes c'est donc plus d'un jeune sur cinq qui est concerné.
Ajoutons à cela le scepticisme plus ou moins fondé de certains sur la qualité des diplômes décernés et notamment le bac (Luc Ferry qui nous a habitué à plus de lucidité estime en gros que 5% des jeunes obtiendraient le bac s'il était passé dans les conditions et avec les exigences de 1960!) Ne parlons pas des nostalgiques des cours de caserne dont les délires sont variés mais au nombre desquels figurent le port de l'uniforme, le rétablissement du service militaire ; pourquoi pas le tableau noir et la craie, le bonnet d'âne et l'obligation d'avoir la morve au nez pour qu'il soit clair que l'apprentissage se mesure à la souffrance !!
Il n'est pas douteux que certains apprentissages sont en déshérence. Comme Chevènement doit se désoler qu'on ne tourne plus le bouton de la télé, on peut se désoler que les hellénistes et latinistes soient en voie d'extinction et que l'on n'écrive plus avec des pleins et des déliés.Tout cela est largement compensé par l'abondance de l'information, présente notamment sur le Web maudit ! Combien Google remplace-t-il d'enseignants ?
On sortait rarement illettrés de l'école autrefois, les beignes et coups de règles ou de pieds au cul dissuadant les plus réfractaires de ne pas connaître les conjugaisons ou les tables de multiplication. Il n'en va pas de même aujourd'hui encore que pour rejoindre Daesh, il est bon de savoir lire une notice sur la fabrication des explosifs.
Il n'en reste pas moins, qu'en 1960 et même plus tard, celui qui sort de l'école sans diplôme n'est pas pour autant voué aux enfers du chômage. Il existe nombre de professions où l'on peut travailler avec une pelle et une pioche. Pas besoin d'avoir un certificat d'études pour traire les vaches quand 25% de la population active travaille dans l'agriculture !!! Même chose pour le travail industriel et pour le reste savoir lire écrire et compter peut suffire.
Il existe encore aujourd'hui des emplois que l'on peut occuper sans rien connaître d'un ordinateur. Les employées traitées d'illettrées par Macron font partie de cette catégorie mais elle est de plus en plus rare ! Mon voisin agriculteur se plaint de devoir passer plus de temps devant son ordinateur que dans ses champs. Les secrétaires qui tapaient à la machine et corrigeaient au Blanco ont fondu comme neige au soleil ! A part quelques vieux schnocks déliquescents pour qui le recours à la dactylo est une marque distinctive, les cadres et dirigeants tapent eux même leurs notes et courrier !
Il en résulte que ceux qui n'atteignent pas une norme minimale en matière de maîtrise des savoirs sont de plus en plus éjectés comme inemployables ! Dans le même temps, le travail a changé dans la manière de l'exécuter mais pas dans son attrait, (cela reste souvent un « tripalium » sauf pour les « workholics ») il en résulte que des diplômés produits en surnombre par le système doivent se contenter de boulots peu épanouissants ce qui génère des frustrations !
Certains pays d'Europe du Nord ont d'ailleurs trouvé la parade, au moins en partie ! A l'exemple des Pays bas qui peuvent afficher de faibles taux de chômage grâce au temps partiel (voir supra) et à une éviction de certains travailleurs dans le registre « handicapés »
http://fr.myeurop.info/2011/12/19/le-mythe-du-plein-emploi-aux-pays-bas-4121
Il n'en reste pas moins que le décalage entre les exigences de l'appareil de production et la dégradation dénoncée du niveau de formation de la population est préoccupante et qu'elle devra inciter à faire regarder la question de l'emploi sous un jour nouveau.
Comme si la qualification des travailleurs n'était pas un problème suffisant, s'y ajoutent des obstacles croissants tenant à la réglementation du travail lui-même
Ma coiffeuse me raconte qu'elle a voulu employer une personne pour faire face à une demande qui reste d'autant plus forte que le vieillissement des populations les incite à réparer des ans l'irréparable outrage. Quelle bonne idée ! La multiplication des obligations qui auraient pesé sur ce modeste employeur qui a quand même autre chose à faire que passer son temps à lire le code du travail et les pages que quelques crânes d'œuf y ajoutent chaque jour, l'a définitivement dissuadée d'apporter sa toute aussi modeste pierre à l'ouvrage de madame El Khomri. Elle se débrouille mieux sans, y compris financièrement !
L’hésitation des employeurs à créer des emplois ne se limite pas loin s'en faut aux pleurnicheries bien connues sur les salaires trop élevés et les charges sociales, à l'exception sans doute des emplois pour lesquels se posent des problèmes d'employabilité comme on l'a vu ci-dessus. Il faut aussi mentionner les seuils mais on ne s'étendra pas sur ces points qui sont largement dans le domaine public
Il se heurte aussi aux obstacles érigés par deux cancers qui métastasent nos sociétés : les peurs et le politiquement correct.
Nous vivons dans un système où l'agitation des peurs est bien orchestrée au grand bénéfice de ceux qui tirent les ficelles. Le Minotaure qui nous gouverne a assis son pouvoir sur trois catégorie de peurs : la peur écologique, celle de la terrible vengeance de Gaïa pour les offenses qui lui sont faites, la peur sanitaire qui est le juste châtiment de notre imbécile incontinence, la peur sécuritaire qui nous rappelle que ce qui nous arrive est du à notre imprudence ou à celle des autres et que le risque zéro est le nirvana auquel on doit tendre chaque matin.
Au nom de ces trois peurs, on a progressivement pourri la vie de l'employeur. On ne peut faire monter un travailleur sur une échelle de plus de telle hauteur, on ne peut l'exposer à telle substance jugée dangereuse par des spécialistes auto-proclamés pour qui, même l'eau bénite risquerait d'être contaminée par les gênes de Satan. Dans tous les secteurs on pourrait trouver des exemples dont on se demande quels esprits malades ou quels éjaculateurs précoces ont pu les pondre. A cette aune, on n'aurait jamais construit la cathédrale de Cologne ou la Tour Eiffel parce que des deux on risquait de tomber, parce que sur cette dernière on risquait le mal de mer et parce que sa ferraille devait bien polluer les eaux de la Seine.
Le politiquement correct fait aussi des ravages et la question de l'accès des handicapés en est un exemple révélateur.
La citation suivante est extraite de cette source
https://www.cairn.info/revue-francaise-des-affaires-sociales-2003-4-page-461.htm
« La notion sociale du handicap retenue en Suède et également popularisée par le mouvement des personnes handicapées revient à définir le handicap, non pas comme inhérent à la personne, mais comme l’effet des obstacles que celle-ci rencontre en raison des difficultés d’accès dans son environnement. On retrouve ici le concept retenu par la Classification internationale des handicaps en 1980 par l’OMS : une déficience fonctionnelle ne devient un handicap que lorsque la personne se heurte à des carences dans l’aménagement de son cadre de vie ou de son activité. Lorsqu’une solution a été apportée et que l’accessibilité est améliorée, la notion de handicap s’atténue ou disparaît. «
On est typiquement dans une configuration que l'on retrouve dans de nombreux domaines. Il existe une manière de traiter un problème dans une quelconque partie du monde. Une protubérance de l'ONU, ici l'OMS, composée de gens grassement payés et débordant donc d'un dévouement bien rémunéré au service de causes qu'ils ne paieront pas récupèrent l'usine à gaz et l'érigent en modèle. La chose ne manque pas de sel quand ces individus, majoritairement issus de pays pauvres seraient bien en peine d'appliquer les recettes proposées là d'où ils viennent. On a bien compris, un handicapé n'est pas handicapé en soi, il ne le devient que quand la société n'a pas mis en œuvre les moyens nécessaires pour qu'il ne le soit plus. « Lève-toi et marche « disait Jésus à Capharnaüm à un paralysé et celui-ci marcha !! Quelle belle époque que celle où Jésus faisait des miracles ! Aujourd'hui le miracle repose sur les épaules du contribuable mais il y a bien pire !! Pour que le paralysé puisse marcher, il faut supprimer tous les obstacles au premier rang desquels tout ce qui a été construit ou pourrait être construit qui gênerait sa marche ! Résultat, dans la ville moyenne près de laquelle j'habite, trois hôtels ont dû fermer car le coût de la mise aux normes aurait été trop important ! Des gens ont perdu leur emploi, des investissements qui en auraient donné ont été abandonnés : pas grave ! !! Le paralysé, en fauteuil à roulettes peut désormais accéder à n'importe quel gite rural ! Compassion pour les handicapés ou pour les chômeurs, il faut choisir !!! A moins que ce ne soit un troisième larron, le contribuable, qui passe à la caisse !!!
On pourrait multiplier les exemples !!!
CONCLUSION INTERMEDIAIRE
Expliquer le chômage en France peut d'abord se faire en regardant ce qui se passe chez le voisin. On aura pris délibérément l'exemple de l'Allemagne qui est passée d'un taux de près de 10% en 2006 à 4,7% en avril 2015, quand en France il a augmenté d'un point atteignant 10,5% des actifs.
Le différentiel s'explique médiocrement par des raisons démographiques, peut-être un peu plus par les comportements en matière du choix du temps partiel mais aussi très clairement par les performances de l'Allemagne à l'exportation.
On peut aussi se tourner vers une analyse plus classique : le taux de chômage serait ainsi lié aux blocages observés au niveau de la demande ou de l'offre de travail -réformes Harz
Mais on peut, tout compte fait, se poser la question différemment : et si le chômage devait être, normalement et compte-tenu du niveau de productivité plus élevé mais aussi du temps de travail bien plus élevé qu'il ne l'est aujourd'hui ? Mais aussi et, en conséquence, n'est-il pas nécessaire de s'interroger sur la véritable nature des emplois existants ?