LA ROCHE TARPEIENNE N’EST PAS LOIN DU CAPITOLE
CONCLUSION GENERALE
On ne peut que constater d’abord l'extrême complexité du problème : entre les données objectives qui concernent la démographie, le niveau de formation, les performances économiques, le cadre légal et réglementaire, la culture même et ce qui relèverait plus des comportements, on constate que les géométries du chômage sont très variables d'un pays à l'autre.
Mais surtout, il est clair que le niveau de chômage est aussi associé à un choix de société qui doit être identifié et assumé ! On peut, à une extrémité donner sa préférence à un modèle britannique qui donnera un faible taux de chômage, car le Royaume uni, société très fortement inégalitaire comme le rappelle Emmanuel Todd dans « La fin de la démocratie » cultive cette valeur que les pauvres ne le sont que dans la mesure où ils veulent bien l'être. Le propos est évidemment exagéré : on dira que le pauvre doit démontrer au reste de la société que s'il l'est, c'est vraiment contre sa volonté. Dans un pays où il n'est pas choquant que trois familles possèdent la totalité des terrains de la ville de Londres, cela n'est pas étonnant.
- A l'autre extrémité on peut concevoir, un peu comme la CGT, que le salaire est un droit dont doit dériver l'emploi et pas l'inverse, que le modèle d'emploi doit être celui des contrôleurs de la SNCF dont l'essentiel de l'activité consiste à supporter l'effroyable responsabilité de dire que le train est en retard. On a évidemment vu le résultat en URSS ! Tout le monde avait un emploi, surtout les flics de tous ordres en même temps qu'il y avait besoin de moins en moins d'emplois dans les magasins puisqu'ils étaient vides !
Qu'on ne s'y trompe pas ! Le ventre est encore fécond qui produit un keynésianisme de Bricogite ou de marchand de foire consistant à dire que c'est la demande qui fait la richesse et qu'il suffit donc de créer des emplois. Qui les paie ? Evidemment l'Etat qui a pris la succession d'un grand Capital un peu dévalué Qui les paie « in fine » là cela devient trop compliqué pour nos instits ou nos travailleurs sociaux ! C'était pas au programme du stage ! Circulez rien à voir !
Entre les deux on peut avoir une foule de solutions de panachage. On a aussi des formes métastasées du cancer : Celle déjà évoquée du politiquement correct : le handicapé a un droit fondamental à pouvoir escalader la Tour Eiffel ! Il faut donc tout mettre en œuvre pour rendre réel ce droit, même si pour cela on doit fermer l'hôtel d'où il devait partir car il ne pouvait y accéder ! Mais il y a aussi la version « hidalgrotesque » ! J'interdis la circulation des bagnoles des prolos ! Cela ajouté à la faillite de ces saloperies d'usines rendra l'air plus pur et fera mieux pousser les légumes bios dont la culture créera des emplois.
On peut même imaginer que demain, la connerie d'Aymeric Caron ayant obtenu droit de cité, on comptabilise dans les statistiques de l'emploi le travail des corbeaux et le broutage des moutons dans des prairies apaisées de toute invasion humaine.
On peut théoriquement faire ce que l'on veut, y compris , on l'a vu, créer des emplois à gogo dans les collectivités qui pour sarcler les mauvaises herbes, qui pour être ambassadeur des poubelles, qui pour être le Zorro des chiens crotteurs, qui pour faire Nounours et envoyer au lit les petits vieux après qu'ils aient regardé Morandini, qui pour faire le veilleur et passer à minuit en disant « bonnes gens dormez bien, pas d'islamophobe en vue » Cette pauvre fille de Caroline De Haas n'avait pas encore pensé à celle-là !!!
La seule limite à tout cela et notamment aux pitreries intellectuelles que cela ne manque pas de générer s'appelle la productivité ! Laquelle est un redoutable Janus : C'est elle qui, en augmentant la richesse peut créer des emplois là où cela aurait été inconcevable ! Il n'y aurait pas d'éducation nationale aujourd'hui si l'on avait les niveaux de rendement et de productivité du Moyen -Age quand 80% de la population devait travailler dans l'agriculture. Mais, on l'a compris, la productivité, en s'accroissant, peut, aussi, tuer l'emploi ! Le cauchemar des robots se substituant aux hommes est là pour le rappeler : il est technologiquement concevable, il est économiquement aberrant en tant que cauchemar ! On a déjà su partager le travail en en diminuant le temps, on doit bien être capable de répartir entre les hommes la richesse qui ne serait plus créée par les hommes
Le problème est peut-être tout simplement là ! On pourrait parfaitement se dire, toutes choses égales par ailleurs comme on aime aussi bien le dire en économie, nous produisons telle quantité de richesses, comment doit-elle être répartie ? Qui doit se servir au grand Banquet, non de la Nature qui est plutôt pingre, mais de Prométhée qui a pillé les frigos et la cave des Dieux
La réalité est sans doute que depuis une trentaine d'années, on a assisté à un dérapage, consistant à créer de l'emploi pour masquer la montée du sous-emploi. Le gonflement de la part non marchande du PIB le montrerait aisément. Créer des emplois qui ne servent à rien n'a d'autre résultat que d'appauvrir ceux qui doivent le payer. La même chose vaut d'ailleurs quand l'ex présidente de région, le docteur Folamour du Poitou -Charente tuait des emplois pas assez verts pour les remplacer par des emplois verts, lesquels avaient une productivité notoirement inférieure aux emplois détruits.
Il en résulte qu'il serait sans doute préférable de prendre acte de ce que, le progrès technologique aidant (à condition de ne pas l'entraver comme le font les écologistes), la quantité de travail nécessaire pour produire plus de richesse est-elle même en baisse.
Dès lors, deux solutions sont concevables :
-continuer à abaisser le temps de travail, ce qui n'est pas seulement permis par l'accroissement de la productivité mais aussi par les caractéristiques de l'emploi dans lequel le travail à la chaine, très dépendant du temps-est de plus en plus remplacé par un travail du résultat. Il n'est pas important de savoir combien de temps un informaticien a travaillé, ce qui compte c'est qu'il ait produit un logiciel
-instituer un revenu universel afin de garantir à ceux qui sont écartés de l'emploi un revenu minimum. Ceci devrait être de plus en plus évident si les tendances à la disparition du travail non qualifié se poursuivaient. Une partie important de la population se trouverait disqualifiée pour accéder à l’emploi, ce qui ne devrait pas la dispenser d'avoir un revenu à la condition que celui-ci ne dissuade pas de chercher un emploi !
Enfin, le phénomène n'est pas seulement complexe dans sa compréhension. On dira même que s’il l'est c'est parce qu'il est le résultat de choix économiques et sociétaux auxquels l'économie s'adapte. Il doit être clair, en effet, que la notion d'économie politique prend ici tout son sens: L’économie n'est pas une sorte d'autel inaccessible qui fonctionnerait avec ses propres règles : elle s'adapte au choix des hommes : un système hyper libéral fondé sur la libre entreprise avec pour unique mot d'ordre : « enrichissez-vous » a sa logique. Le système soviétique en avait une aussi. On peut attendre du premier qu'il enrichisse ceux qui entreprennent et qu'il procure de la croissance, même si son rythme est chaotique. On peut attendre du second qu'il permette , grâce à une mobilisation forcée des ressources , d'envoyer un spoutnik ou d'avoir l'armée la plus puissante du monde. Il ne faut pas, en revanche, attendre du premier qu'il s'occupe de la pauvreté, ni du second qu'il remplisse les caddies !!
On n’a pas un chômage qui serait de la faute à « pas de chance » On a le chômage que l’on a voulu et qui ne résulte jamais que des choix politiques qui sont faits car, in fine, les règles d’affectation des ressources, qu’il s’agisse des richesses ou de ce qui sert à les produire procède de choix politiques eux même validés par les citoyens
Il en résulte que le citoyen moyen finit par avoir conscience de tout cela et relativise les promesses des bateleurs de foire de la politique. Mélenchon croit peut être anéantir le chômage en créant des emplois publics à tout va ! Il ne fera qu'endetter et appauvrir à terme le pays et ne sera plus là quand il faudra payer la facture ! Les républicains ultra-libéraux mettront peut être au boulot les fainéants qui sommeillent, ils n'enrayeront pas pour autant la pauvreté et favoriseront la rente !
Pour être plus clair encore, ce sont les citoyens qui, en votant, valident ou non un certain niveau et une certaine structure du chômage. Si le SPD est en pleine déconfiture en Allemagne , c’est que les électeurs ne lui pardonnent guère les réformes Harz qui ont pourtant fait diminuer le chômage. De même les évènements de Cologne expliquent –ils sans doute les ennuis de la chancelière au point d’estomper ses succès en matière économique.
Sarkozy a perdu de peu en 2012 (à 1.5%) car ses mensonges répétés et ses élucubrations vaines et ridicules ont agacé nombre d’électeurs
La pitoyable attitude de son successeur et de ses sbires face au terrorisme et aux « sans-dents » suffisent amplement à expliquer son envoi probable aux poubelles de l'Histoire
J’entends par avance venir une objection que je ne balaie pas d’un revers de main ! Au fond, j’enfonce des portes ouvertes ! Il est évident que le chômage résulte d’un choix politique. Tout gouvernement peut le réduire en faisant des choix !
Fort bien, mais outre qu’il n’a peut-être pas envie de faire ces choix, il faut aussi relativiser cette affirmation tant de fois entendue dans la bouche de ceux à qui le chômage permet d’éviter de répondre à d’autres questions et selon laquelle le chômage serait la préoccupation première des français !
Oui, sondage après sondage c’est ce qu’ils disent mais ceux qui le rappellent à tous bouts de champs feraient bien de lire Orwell (qui, il est vrai ne doit pas être leur livre de chevet favori). Dans un système dans lequel règne la dictature de la bien-pensance, dénoncer le chômage comme le père de tous les croque-mitaines ne vous expose pas aux grondements de sourcil et d’autant moins, que chacun, ayant dit cela peut soliloquer dans son coin ! Pour l’imbécile de gauche c’est le capitalisme et les multinationales, pour l’imbécile de droite, ce sont les fainéants et les aides sociales trop généreuses, pour le souverainiste borné ce sont les frontières passoires, pour le libre-échangiste béat, c’est le conservatisme des frileux repliés sur eux-mêmes ! Pour une fois qu’on peut avoir raison sans fâcher les autres pourquoi s’en priver ?
Il en résulte surtout que la société s'est adaptée au chômage, d'autant plus facilement que l'abaisser présenterait des inconvénients pour pas mal de gens (y compris pour une partie des chômeurs) ! D’ailleurs, le chômage est-il plus scandaleux que le fait de taxer lourdement ceux qui font des enfants. Entre les frais de garde qui avoisinent le SMIC à Paris et les longues études que l’inénarrable Belcassine voudrait encore rallonger, voilà comment on peut saigner la classe moyenne assez bête pour faire des enfants qui paieront les futures retraites ! Si scandale il y a , il réside beaucoup moins dans le sort réservé au titulaire du RSA (voir partie2) que dans l’obligation faite aux jeunes de prolonger leur séjour à l’université pour le plus grand bénéfice d’enseignants du supérieur qui ont besoin de la matière première étudiante comme un moteur diésel a besoin de gazole !
Dès lors, les bien-pensants, de gauche généralement, et Mélenchon en tête qui professent que le gouvernement ferait mieux de s'occuper du chômage que combattre le terrorisme se plantent lourdement et en feront les frais. Le troupeau d'idiots utiles qui braient à l'écoute de leurs propos imbéciles va s'amenuisant. La question identitaire est, au-delà du terrorisme celle qui préoccupe aujourd'hui une majorité de citoyens, peut être mal-pensants mais, même Staline et ses sbires n'ont pas trouvé de moyens de dissoudre le peuple. Et le peuple risque de se venger !
Allons ! pas question de rétablir la guillotine mais un vrai travail d’intérêt général !!! Ça vous décoifferait le bobo, non ?
Martin KELENBORN 2/09/16